Signature paysagère incontestée du Kamouraska, les cabourons, ces petites montagnes qui surgissent dans la plaine entre Sainte-Anne-de-la-Pocatière et Saint-André-de-Kamouraska, devraient être mieux protégés.
La Municipalité de Saint-Germain-de-Kamouraska en a fait son cheval de bataille, en adoptant à l’unanimité une résolution à ce sujet le 1er mai dernier, sommant la MRC de Kamouraska de leur conférer un statut légal dans le cadre de la révision de son schéma d’aménagement.
Cette démarche entreprise par le conseil municipal de Saint-Germain-de-Kamouraska touche d’abord les cabourons au nord et au sud de la municipalité, avant de s’étendre à tous les autres présents sur le territoire de la MRC de Kamouraska.
L’exploitation et la construction dont sont victimes certains d’entre eux sont du nombre des menaces énumérées dans la résolution qui demande explicitement à la MRC de les doter d’un statut légal de protection, afin que seules les activités d’observation, de plein air et de mise en valeur soient permises.
Conseillère municipale à Saint-Germain-de-Kamouraska, Jacinthe Thiboutot a cité Rivière-Ouelle, qui dispose de la première désignation de paysage culturel patrimonial au Québec pour la Pointe-aux-Orignaux et la Pointe-aux-Iroquois, comme exemple de statut légal de protection à évaluer pour les cabourons.
Ce type de désignation est toutefois octroyée par le gouvernement du Québec par le biais de sa Loi sur le patrimoine culturel, et non par les MRC.
Loin d’être saugrenue, l’idée a pourtant été évoquée dans le passé par l’organisme Ruralys, aujourd’hui dissous. Dans une première étude de caractérisation et d’évaluation des paysages de la MRC de Kamouraska, réalisée en 2008, les cabourons avaient été identifiés comme caractéristique principale du paysage kamouraskois, pour des raisons naturelles et historiques.
Sept ans plus tard, en 2015, dans le cadre d’une consultation citoyenne sur les paysages culturels et patrimoniaux du Kamouraska, les citoyens ont à nouveau cité les cabourons comme signature paysagère remarquable.
« On [Ruralys] avait émis l’idée, à ce moment, que les cabourons pourraient faire l’objet d’une démarche pour l’obtention d’un statut de paysage culturel patrimonial. Finalement, on s’est plutôt retrouvé à travailler en ce sens à plus petite échelle avec Rivière-Ouelle pour la Pointe-aux-Orignaux et la Pointe-aux-Iroquois », a rappelé Dominique Lalande, jadis directrice générale de Ruralys.
Six années se sont ensuite écoulées avant que Rivière-Ouelle n’obtienne ce statut de paysage culturel patrimonial, conféré officiellement en août 2021. Le temps nécessaire pour en venir à cette désignation, et les ressources investies, font dire aujourd’hui à la MRC de Kamouraska que cette avenue, qui ne serait pas si coercitive, n’est probablement pas la meilleure à envisager.
Revenir à la base
La MRC, qui s’est saisie de la résolution de Saint-Germain-de-Kamouraska, a récemment donné pour mandat à sa commission d’aménagement de se pencher sur la question des cabourons.
Des questions en apparence évidentes resteraient actuellement sans réponse, au point où il serait impossible dans l’immédiat de légiférer adéquatement pour protéger ceux-ci.
« À la base, un cabouron, c’est quoi? a questionné le préfet Sylvain Roy. Notre interrogation est légitime, car à en croire les experts à qui on s’est déjà adressé dans le passé, ce ne seraient pas tous les cailloux qui seraient des cabourons. Avant de protéger quelque chose, il faut savoir de quoi il est question. »
Une étude de caractérisation serait donc la première étape à laquelle songe la MRC de Kamouraska dans ce dossier.
À partir des informations récoltées, une mise à jour du règlement de contrôle intérimaire qui encadre actuellement l’exploitation des carrières, mais pas les cabourons comme tels, pourrait être envisageable.
Des propositions à cet égard seront faites par la commission d’aménagement d’ici l’automne prochain.