La Pocatière tourne la page sur la médecine vétérinaire

Sylvain Roy, Vincent Bérubé et André Simard. Photo : Maxime Paradis.

L’amertume était palpable. Le comité de mobilisation qui prône la décentralisation du programme d’enseignement de la médecine vétérinaire à La Pocatière se résigne à l’idée qu’il s’offrira à Rimouski comme prévu. S’ils disent garder l’œil ouvert, les membres souhaitent maintenant demeurer actifs au sujet de l’avenir de l’enseignement supérieur en Côte-du-Sud, sous forme d’un comité « Mon éducation c’est ICI ».

Ce constat qu’il faut tirer un trait sur la médecine vétérinaire à La Pocatière survient plus d’un mois après une rencontre avec la doyenne de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal (FDMV), Christine Théorêt, et la directrice générale de l’ITAQ, Aisha Issa. Les trois principaux élus au front dans ce dossier — Vincent Bérubé, maire de La Pocatière ; Sylvain Roy, préfet de la MRC de Kamouraska ; André Simard, maire de Saint-Roch-des-Aulnaies — ont alors eu la confirmation que l’option La Pocatière n’a jamais été envisagée, et que l’agrément souvent évoqué par le gouvernement caquiste pour justifier la décentralisation du programme vers Rimouski venait à peine d’être octroyé à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR).

Cette rencontre — la seule qui a apporté de véritables réponses, de l’avis des trois élus — fait la démonstration du manque de considération du gouvernement caquiste à l’endroit de leurs revendications, et cela, depuis plus de sept mois. « Avant l’élection de Mathieu Rivest, aucun membre du gouvernement n’avait accepté de nous rencontrer pour nous écouter et répondre à nos questions », a insisté Sylvain Roy.

Le rendez-vous avec Christine Théorêt et Aisha Issa a du moins été l’occasion de rappeler que des ententes avec l’ITAQ seraient évaluées dans le cadre de la décentralisation du programme, mais « rien n’a été confirmé », de préciser le maire Vincent Bérubé. « Je ne crois pas aux retombées pour La Pocatière dans le projet actuel, a ensuite ajouté André Simard. Faire déplacer des étudiants à la journée à partir de Rimouski, deux heures pour l’aller et deux heures pour le retour, ce n’est pas très logique. »

La directrice générale de l’ITAQ a tout de même profité de cette rencontre pour réitérer son souhait de développer des partenariats avec les acteurs économiques de la région afin de bonifier ses infrastructures en conséquence, mais également pour répondre aux besoins de l’UQAR et de la FDMV. Malgré ces bonnes intentions, André Simard, jadis directeur général de l’ITA entre 1996 et 2010, s’est dit préoccupé pour l’avenir du campus de l’ITAQ à La Pocatière. « Avec la démographie actuelle et les inscriptions à la baisse, la pérennité de l’institution est en jeu. Il va falloir faire quelque chose au chapitre de la formation », a-t-il déclaré.

Mon éducation c’est ICI

Les inquiétudes quant à l’avenir de l’enseignement collégial à La Pocatière et sur la Côte-du-Sud motivent les élus à poursuivre leur vigie. Dans les derniers mois, d’autres élus de Côte-du-Sud favorables à l’enseignement de la médecine vétérinaire à La Pocatière les ont rejoints pour former un comité plus large de 14 membres. Parmi eux, mentionnons Rosaire Ouellet, maire de Sainte-Anne-de-la-Pocatière et anciennement directeur de l’ITA de 2010 à 2013, mais également Normand Caron, maire de Saint-Jean-Port-Joli et anciennement directeur de la Ferme-école Lapokita.

« La mobilisation pour la médecine vétérinaire a réussi à rassembler les trois MRC de Côte-du-Sud, ses 45 municipalités et ses deux chambres de commerce, qui sont pourtant sur deux régions administratives différentes. Ces liens que nous avons développés sont là pour rester », a déclaré le préfet Sylvain Roy.

Le souhait exprimé est de maintenir cette mobilisation en faveur de l’enseignement supérieur à La Pocatière et sur la Côte-du-Sud, vers une forme de comité « Mon éducation c’est ICI », inspiré du mouvement Mes soins restent ICI pour le maintien des soins de proximité. Les trois élus suggèrent d’ailleurs que des gens de la société civile investissent ce comité appelé à grandir. Un des premiers mandats pourrait être, entre autres, l’actualisation de l’étude sur la pertinence de l’enseignement universitaire à La Pocatière, la précédente remontant à plus d’une décennie.

Membres du comité de mobilisation présents au point de presse. Photo : Maxime Paradis.