La rivière Ouelle, située à l’extrémité ouest de l’habitat du saumon atlantique, vit des heures critiques pour la préservation de cette espèce emblématique. Avec des montaisons de saumons en déclin depuis plusieurs années, la rivière fait face à des défis environnementaux et de conservation sans précédent.
Entre 2018 et 2020, une barrière d’arrêt a permis de compter seulement 105 saumons adultes, un nombre bien inférieur au seuil nécessaire pour maintenir la diversité génétique de la population. Cette situation a conduit le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) à interdire la pêche sportive dans la rivière Ouelle et ses affluents dès 2020, entraînant la dissolution de la Société de gestion de la rivière Ouelle.
Selon le MELCCFP, la rivière Ouelle fait également face à des contraintes naturelles importantes. Des niveaux d’eau très faibles, et les hausses de la température de l’eau compromettent le développement des saumons, rendant cruciales les actions de restauration et de conservation du bassin versant.
« Le ministère prévoit un plan d’action dès 2025 pour dresser un portrait actuel de la population de saumons. En collaboration avec les partenaires locaux, comme la MRC, ce plan vise à recenser les montaisons et la présence des jeunes tacons [juvéniles], puis à comparer ces données aux statistiques historiques », note Daniel Labonté, relationniste au MELCCFP. Cet exercice permettra de mieux comprendre les dynamiques actuelles, et d’orienter les mesures de restauration à long terme.
Même situation ailleurs
La situation des saumons dans les autres rivières du Québec n’est guère plus encourageante. Bien que la population ait été jugée stable depuis les années 2000, les années récentes révèlent des signes de déclin, notamment dans les rivières du sud de la province.
En 2023, une baisse alarmante des petits saumons, suivie en 2024 d’une faible remontée des grands spécimens ont fait sonner l’alarme. Selon le MELCCFP, cette chute de population est liée à une mortalité accrue en mer, touchant principalement les jeunes saumons qui quittent les rivières pour entamer leur croissance.
« La mortalité en mer semble être influencée par des changements dans l’écosystème du golfe du Saint-Laurent, notamment la température de l’eau et l’abondance des ressources alimentaires, souligne M. Labonté. Ces modifications ont un impact direct sur les populations de saumons, et bien que des mesures de protection aient été mises en place en 2024, comme l’interdiction de capturer les grands saumons dans les rivières méridionales, l’avenir de cette espèce demeure incertain. »
Les prochaines années seront décisives. Si les conditions défavorables persistent dans le golfe du Saint-Laurent, le risque d’un déclin prolongé des populations est bien réel. En revanche, un retour à des conditions plus favorables pourrait offrir une lueur d’espoir pour la préservation du saumon dans la rivière Ouelle, et dans les autres rivières québécoises.