La destruction du barrage à l’embouchure de la rivière Trois-Saumons, à Saint-Jean-Port-Joli, ne devrait plus tarder. Si les aides financières sont au rendez-vous, il pourrait même disparaître aussi tôt que cet été. La chargée de projet met tout de même les gens en garde : le visuel risque de changer, et de ne pas plaire à tous.
Le barrage de la rivière Trois-Saumons n’a plus de fonction économique depuis une cinquantaine d’années. Construit pratiquement à l’embouchure de la rivière, près du fleuve, il a fait les beaux jours de ce secteur de Saint-Jean-Port-Joli encore appelé Trois-Saumons, et qui a été jadis animé d’une activité commerciale intense autour d’un moulin à scie, d’un moulin à farine, d’une tannerie et d’une distillerie; toutes des entreprises qui ont bénéficié de la présence de l’ouvrage à un moment ou un autre. « On ne sait pas quand il a été construit, mais on sait qu’il a été recouvert de béton au début des années 1960 », indique Aurélie Bousquet, chargée de projet pour la rivière Trois-Saumons.
Haut de près de quatre mètres et long de plus de trente mètres, le barrage de la rivière Trois-Saumons est le second dont Aurélie Bousquet pilotera la destruction, le premier ayant été celui de la rivière du Moulin à Saint-Paul-de-Montminy en 2022, dans la MRC de Montmagny. Ce dernier, beaucoup plus imposant avec ses sept mètres de hauteur et ses quarante mètres de longueur, présentait étrangement peu de difficultés techniques.
« Ici [à Trois-Saumons], l’environnement est beaucoup plus complexe. En aval du barrage, une frayère d’éperlans a été découverte en 2019. Il est difficile de prévoir quel sera l’impact du retrait du barrage sur la frayère à proximité », résume-t-elle.
Une série d’études a pourtant été réalisée dans les derniers mois afin d’évaluer ces impacts. Celles-ci seraient catégoriques : le démantèlement du barrage aura assurément un impact sur la frayère, tout comme en aurait son maintien en place. « Le barrage retient une quantité phénoménale de sédiments.
Une partie du barrage a déjà cédé, et c’est pratiquement sûr que cela va se reproduire. Les études se sont penchées là-dessus : la quantité de sédiments à retirer, et sur quelle distance procéder afin de limiter l’impact sur la frayère, mais aussi sur toutes les autres espèces fauniques et floristiques », résume la chargée de projet.
Échéancier
Derrière le projet, la MRC de L’Islet souhaite procéder à la destruction du barrage le plus rapidement possible. Des demandes de financement ont été faites récemment afin d’absorber le coût de démolition estimé entre 180 000 et 200 000 $. « La destruction prendrait tout au plus de trois à quatre jours. La préparation serait beaucoup plus longue », confirme Aurélie Bousquet.
Si tout chemine comme prévu, le démantèlement pourrait avoir lieu au courant de l’été 2024. La MRC doit toutefois obtenir différentes autorisations avant de procéder, les principales venant du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs au niveau provincial, ainsi que de Pêches et Océans Canada à l’échelle fédérale. « Si on nous refuse les autorisations et qu’on nous oblige à retourner faire des études, il est possible que ça ne soit pas avant 2025, ou encore 2026. »
Il n’y aurait d’ailleurs aucun risque pour les bâtiments environnants, advenant que la destruction soit reportée, malgré l’état de dégradation du barrage. Cette crainte, à l’origine de cette vaste opération de démantèlement, a été soulevée par le voisin Gaétan Nadeau à la suite de la brèche apparue lors de la débâcle du printemps 2021. Elle ne serait finalement pas justifiée. « Les études ont écarté cette éventualité », précise la chargée de projet.
La destruction aura donc lieu à court ou à moyen terme, l’ouvrage ayant peu de valeur patrimoniale. Aurélie Bousquet tient tout de même à mettre la population en garde : « Le visuel va changer. On retire un ouvrage de trois mètres de haut, ce qui signifie qu’on va devoir créer une pente douce avec un dénivelé de trois mètres, sur une certaine distance. Les gens qui ont été habitués à la chute du barrage et qui trouvaient ça mignon risquent d’être déçus et tristes lorsqu’elle aura disparu. »



