Dans le cadre de l’actuelle consultation nationale sur le territoire et les activités agricoles, à la lumière des changements climatiques et pour des raisons d’autonomie et de sécurité alimentaires, l’Union des producteurs agricoles (UPA) demande au gouvernement du Québec de défendre intégralement le territoire agricole, incluant la primauté de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles, et de renforcer les mécanismes nécessaires à sa protection.
« Avec seulement 0,24 hectare (ha) en culture par habitant, le Québec a un ratio quinze fois plus bas que l’Alberta, six fois plus bas que le Canada, deux fois plus bas que la France et cinq fois plus bas que les États-Unis. Considérant que la Commission de protection du territoire agricole du Québec a déjà un taux d’autorisation moyen de 74 % des demandes soumises, il est impératif d’écarter les faux arguments de celles et ceux qui voient encore le territoire agricole comme une zone en attente de développement », a déclaré aujourd’hui le président général de l’UPA, Martin Caron.
Rappelons que la zone agricole ne représente qu’environ 4 % du territoire québécois. Les agricultrices et les agriculteurs n’ont accès qu’à la moitié (2 %) de cette superficie en raison, notamment de nombreux obstacles comme des lacs, des cours d’eau, des milieux humides, des boisés, des surfaces rocheuses, des sablières, des commerces, des industries, des lignes de transport d’électricité, de gaz ou de pétrole, des routes, des autoroutes, des résidences, etc.
Malgré cet accès limité, la zone agricole continue d’être grugée par l’étalement urbain, l’activité de spéculateurs financiers et immobiliers, les projets industriels et la construction d’infrastructures, entre autres pour le transport. Les documents fournis dans le cadre de la consultation soulignent à cet égard que « l’étendue de la zone agricole est relativement stable depuis 1988 » en raison des exclusions (24 651 ha) et des inclusions (28 235 ha).
Cette analyse fait toutefois abstraction des milliers d’hectares sacrifiés pour des utilisations non agricoles (UNA) en zone verte (drainages de terrains municipaux, servitudes de passage, etc.), qui amputent un territoire donné de ses activités agricoles sans pour autant procéder à un dézonage (exclusion) en bonne et due forme. Dans les faits, en raison de ce recours croissant à des exclusions « déguisées », la zone agricole est déficitaire d’environ 57 000 ha depuis, 1998, l’équivalent de 12 terrains de football (É.-U.) par jour.
Par ailleurs, les références persistantes du gouvernement québécois à la protection des « meilleures » terres agricoles, ainsi que l’insistance des documents de consultation sur la qualification des sols (1 à 7, soit du plus au moins productif et polyvalent pour la pratique de l’agriculture), sont très préoccupantes. D’une part, cette façon de faire ne suffit pas à établir véritablement le potentiel, les possibilités et les occasions d’utilisation des sols en zone agricole. D’autre part, elle justifie les prétentions d’un certain nombre d’intervenants, plus particulièrement dans le milieu municipal, qui réclament plus de flexibilité pour les sols dits « de moins bonne qualité ». Rappelons par ailleurs que ces sols sont notamment propices à certaines des cultures les plus emblématiques du Québec (ex. : érable, bleuets, canneberges).
« Le gouvernement du Québec doit réaffirmer clairement que toutes les superficies agricoles sont importantes et propices pour des activités agricoles et forestières, indépendamment de leur classification. Il doit aussi freiner l’étalement urbain et le recours grandissant aux UNA, tout en introduisant le principe de “zéro perte nette” en zone verte, c’est-à-dire aucune nouvelle perte de superficie agricole ou forestière. La protection intégrale de notre garde-manger, en tant que véritable priorité nationale, ainsi qu’une gestion plus saine et raisonnée de l’urbanisation sont essentielles à l’avenir alimentaire des Québécois d’aujourd’hui et de demain », a conclu M. Caron.
Source : Union des producteurs agricoles