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L’appel du bon sens

Mathieu Rivest et Amélie Dionne. Photo : Courtoisie

L’interdiction complète du téléphone cellulaire sur l’ensemble des terrains scolaires annoncée par le ministre Bernard Drainville s’inscrit dans une série de recommandations issues de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes. Autant sa présidente, la députée de Rivière-du-Loup–Témiscouata Amélie Dionne, que son homologue dans Côte-du-Sud Mathieu Rivest l’accueillent avec joie.

« On a jugé qu’il y avait urgence d’agir », explique Amélie Dionne, qui pilote les travaux de la commission depuis dix mois. Le rapport complet doit être déposé le 30 mai, mais cette recommandation spécifique a été formulée plus tôt afin de permettre aux écoles d’intégrer la mesure dans leur code de vie dès la rentrée. « La mission première de l’école, c’est la socialisation, et plusieurs acteurs nous ont démontré que les problématiques de cyberintimidation commencent souvent dans les cours d’école avec les cellulaires. »

La députée affirme que les constats recueillis sur le terrain sont clairs : les jeunes eux-mêmes reconnaissent que le téléphone est une source de distraction, d’anxiété et de pression sociale. « Des parents nous ont dit que leur enfant avait perdu l’intérêt pour le sport depuis qu’il avait son cellulaire. Et dans les écoles où l’interdiction est déjà en place, on observe une plus grande utilisation des infrastructures scolaires, et des interactions sociales enrichies. »

Le député de Côte-du-Sud Mathieu Rivest abonde dans le même sens. « J’ai eu des échos très positifs de la part d’enseignants et de parents, autant dans le Kamouraska que dans toute la Côte-du-Sud. Cette mesure répond à une demande exprimée depuis plusieurs années, même par les jeunes de notre aile jeunesse qui veulent qu’on favorise le respect et le civisme à l’école. »

Soutenir les enseignants

Bien qu’il reconnaisse que l’annonce puisse en surprendre certains, M. Rivest estime que c’était le moment d’agir. « Quand une enseignante nous dit que dans sa classe, 85 % des élèves respectent la consigne de ranger leur cellulaire, mais que les 15 % restants suffisent à nuire au climat de la classe, il devient évident qu’on doit aller plus loin pour soutenir le personnel enseignant. »

La directive ministérielle sera nationale, mais une certaine flexibilité d’application est recommandée. « On souhaite que l’interdiction s’applique à tout le territoire scolaire, mais on laisse aux écoles le soin de déterminer comment la mettre en œuvre, selon leurs réalités. Certaines ont déjà des espaces aménagés pour permettre aux jeunes de communiquer avec leurs parents en cas de besoin, et ces solutions sont à préserver », précise Mme Dionne.

La Commission spéciale, dont le mandat inclut également l’encadrement des réseaux sociaux, la publicité numérique destinée aux jeunes, et les mécanismes de dépendance technologique, entend faire des recommandations applicables et respectueuses du contexte québécois. « On ne veut pas accoucher d’une souris. Ce travail a été fait de façon rigoureuse, avec l’appui d’experts, pour que nos recommandations soient prises au sérieux et réellement mises en œuvre », conclut Mme Dionne.

Pour les deux députés, la mesure constitue un pas important vers un meilleur encadrement des technologies en milieu scolaire, sans pour autant priver les écoles d’une capacité d’adaptation. L’objectif demeure le même : assurer un milieu d’apprentissage sain, sécuritaire, et propice au développement global des jeunes.