Le blé au cœur du régime seigneurial

Manoir seigneurial, moulin à vent et hangars probablement au cap Taché à Kamouraska. Dessin attribué à Marie-Angéline Body, Archives de la Côte-du-Sud.

Le blé a joué un rôle important dans les seigneuries. Sous le Régime français, on le cultive pour faire du pain, il sert comme monnaie d’échange et représente une source de revenu pour certains marchands.

C’est au moment où l’on instaure la banalité que le blé prend toute son importance dans la région. Dès 1686, les seigneurs ont l’obligation de construire un moulin à farine, dit moulin banal. On utilise la force hydraulique des rivières pour actionner les roues des moulins à farine et celle du vent pour faire tourner les palmes des moulins à vent.  La meunerie permet alors de moudre le grain des censitaires, mais ces derniers doivent verser au seigneur les cens et rente en argent ou en produits de la ferme.

Avec les décennies, de nombreuses concessions sont accordées aux colons par les seigneurs. Elles sont déboisées en peu de temps, défrichées et cultivées. Puisque le pain constitue la principale source alimentaire des habitants, le blé devient la culture dominante de Beaumont à Saint-André-de-Kamouraska, et ce jusqu’aux années 1890.

La production de blé à l’est de la seigneurie de Bonsecours est importante et permet à certains marchands de vendre des surplus. C’est le cas de Pierre Casgrain marchand à Rivière-Ouelle et d’Amable Dionne à Kamouraska. Selon l’arpenteur Joseph Bouchette, près de la moitié de la récolte de blé pouvait être vendue à l’extérieur de la région vers 1815. La ville de Québec dépendait dans une certaine mesure de ces récoltes. En 1743, pour assurer la subsistance des habitants de Québec et des troupes militaires, l’intendant Hocquart a recours aux services de Jean Lanouiller pour acheter le blé dans les seigneuries de la Côte-du-Sud, de Beaumont jusqu’à Rivière-Ouelle. À certaines occasions, le blé peut servir comme monnaie d’échange. En 1757, Jean Boucher demande 30 minots de blé pour le bail d’une ferme qu’il possède à Rivière-Ouelle.