Les enfants du petit baby-boom du tournant des années 2010 s’apprêtent à déferler telle une vague dans le réseau collégial. Ils seraient 25 000 étudiants attendus dans les cégeps du Québec d’ici 2029, selon des données rapportées par La Presse du 3 avril dernier. Au Cégep de La Pocatière, comme dans les autres établissements collégiaux en région, les portes sont grandes ouvertes pour les accueillir.
Ces petits-enfants des baby-boomers risquent surtout d’engorger le réseau collégial urbain, notamment celui de Montréal et sa périphérie. Déjà, les projets d’agrandissements sont dans l’air pour certains cégeps afin de faire face à la vague.
En région, après une saignée démographique qui a fait particulièrement mal ces dernières années aux institutions collégiales, une augmentation de la clientèle est aussi attendue dans la prochaine décennie, mais de façon beaucoup plus modeste. Pour la directrice générale du Cégep de La Pocatière, Marie-Claude Deschênes, ces perspectives sont encourageantes, mais son établissement serait tout de même en mesure d’accueillir davantage que ce qui est anticipé.
« On recrute déjà à l’extérieur de la Côte-du-Sud grâce à certains programmes d’intérêt supranational, mais c’est sûr que si on joue notre jeu correctement, avec le contexte démographique qui s’annonce, on serait sûrement capable de mobiliser davantage d’étudiants », souligne-t-elle.
Le défi ne s’annonce pas simple pour autant. La carte des programmes se doit d’abord d’être intéressante, diversifiée et à la fois distinctive pour chacun des cégeps de région. En ce qui concerne les programmes communs d’un établissement à l’autre, un cégep comme celui de La Pocatière a tout intérêt à développer une plus-value recherchée afin de se positionner différemment face à ses « concurrents ». Des infrastructures au goût du jour, des activités socioculturelles, des profils particuliers comme celui d’étudiant-chercheur développé ces dernières années, sont autant de particularités que le Cégep de La Pocatière a intérêt à faire valoir s’il désire attirer ces étudiants qui seront beaucoup trop nombreux d’ici peu en milieu urbain.
Incitatifs financiers
Porte-parole du Regroupement des cégeps de régions (RCR), Marie-Claude Deschênes est d’avis que les 12 établissements collégiaux qu’elle représente font partie de la solution dans le contexte démographique anticipé. Pour ce faire, le gouvernement provincial se doit le plus possible d’encourager la mobilité vers les cégeps de région où les places ne manquent pas, avant d’envisager des agrandissements dispendieux en milieu urbain.
Dans le dernier budget, une somme de 31 M$ a été prévue au programme de mobilité interrégionale pour 2022-2023. Ces bourses, qui peuvent aller jusqu’à 7500 $ par étudiant, visent à encourager la mobilité des cégépiens urbains vers les établissements régionaux. Cette mesure fait suite à une demande du RCR en 2020 visant à bonifier l’enveloppe d’un programme similaire venu à échéance l’année précédente et qui avait permis au Cégep de La Pocatière d’offrir, un temps, l’hébergement gratuitement dans ses résidences aux étudiants qui s’y qualifiaient.
« Ce qu’on avait signifié dans nos discussions, c’était qu’une bonification de 500 $ ne vaudrait pas la peine. À 7500 $, en plus des prêts et bourses, là on commence à jaser. Maintenant, ce qu’il faut, c’est faire la promotion du programme à l’échelle nationale, ce qu’on aimerait que le gouvernement prenne en charge question qu’il soit aussi bien connu, par les étudiants et leurs parents, que le programme de prêts et bourses », poursuit Marie-Claude Deschênes.
Recrutement international
Très actif en matière de recrutement international depuis une quinzaine d’années, le Cégep de La Pocatière n’a pas l’intention de diminuer ses ardeurs, même si les perspectives démographiques sont moins sombres pour les années à venir. Sans cet apport d’étudiants internationaux, elle rappelle que la situation aurait été catastrophique dans la plupart des cégeps de région ces dernières années.
L’enjeu du recrutement international demeure toutefois clivant au sein du réseau collégial, de reconnaître la directrice générale. Selon elle, les cégeps qui débordent au-delà de leur capacité ne devraient pas recruter à l’étranger.
« Par recrutement international, on parle de participer à un salon en France, par exemple, afin de faire venir des étudiants chez nous. Un étudiant issu de l’immigration, mais qui demeure au Québec et qui poursuit ses études près de chez lui, ce qui est le lot de plusieurs cégeps dans la région de Montréal, ce n’est pas du recrutement international et le RCR ne s’objecte pas à ça. C’est une nuance est importante. »