Après des années de discussions, d’hésitations et de rebondissements, La Pocatière, Sainte-Anne-de-la-Pocatière et Saint-Onésime-d’Ixworth ont franchi une étape décisive vers leur fusion. Lundi soir, les trois conseils municipaux ont adopté le règlement officiel demandant leur regroupement en une seule municipalité.
« Nous sommes aussi contents que de voir l’arrivée du printemps, lance le maire de Sainte-Anne-de-la-Pocatière Jean-François Pelletier. Cette fusion a nécessité de nombreuses discussions et ajustements pour répondre aux attentes des municipalités impliquées. Il a fallu revoir plusieurs aspects, clarifier les impacts pour nos citoyens, et ajuster le projet pour qu’il soit viable à long terme. »
Parce que l’idée d’un regroupement ne date pas d’hier. Le projet initial de sept municipalités, pensé il y a quatre ans par le maire de La Pocatière Vincent Bérubé, est passé à quatre, puis finalement à trois. « C’est un long processus qui n’a pas été simple, mais nous avons toujours gardé en tête l’objectif d’améliorer nos services de proximité et notre capacité d’action pour nos citoyens. Les avantages seront nombreux, à commencer par la force du milieu et la représentativité qui sera plus importante », note M. Bérubé.
Pour la mairesse de Saint-Onésime-d’Ixworth Cathy Fontaine, ses citoyens ne perdront pas leur sentiment d’appartenance. « À Saint-Onésime, nous faisons tout à La Pocatière. On vient magasiner, travailler, on passe par Sainte-Anne-de-la-Pocatière, nous avons des amis dans les deux municipalités, alors chez nous, c’était plus le côté concernant le partage des ressources qui préoccupait. Saint-Onésime continuera de vivre grâce à ses citoyens », dit-elle. « Ce sera comme à Québec, qui a englobé Beauport dans le regroupement, mais on et toujours à Beauport », ajoute Vincent Bérubé. « Ça ne changera rien dans la vie de tous les jours des citoyens », renchérit M. Pelletier.
Un processus administratif complexe
Le processus a été plus long que prévu, ce qui n’a pas manqué d’agacer certains élus. « On parle de plusieurs années de travail, et encore aujourd’hui, nous devons attendre que le Ministère prenne sa décision. C’est un peu frustrant. Des chiffres, ça change vite. Il a constamment fallu nous adapter tout au long de l’exercice », admet M. Pelletier, qui déplore les délais imposés par la bureaucratie provinciale.
La nouvelle municipalité, qui conservera le nom de La Pocatière, regroupera une population combinée d’environ 6400 habitants, et disposera d’un budget estimé à 14 millions $.
L’actuel maire de La Pocatière, Vincent Bérubé, sera le maire de la nouvelle ville jusqu’aux élections municipales de 2025. D’ici là, les 18 élus des trois anciennes municipalités siégeront ensemble pour assurer la transition, et pour prendre les décisions nécessaires à la mise en place du grand La Pocatière.
Éviter les dédoublements
Parmi les changements à venir, on note une réorganisation des services municipaux, pour éviter les doublons, une harmonisation des taux de taxation, et une meilleure gestion des infrastructures communes. Des consultations auront lieu pour assurer que la transition se fasse en douceur, et que personne ne soit laissé de côté. Le trio assure qu’aucun employé des trois municipalités ne perdra son emploi. « Il y aura des réaménagements. Nous utiliserons les meilleures ressources aux meilleurs endroits, en considérant leurs forces et leurs compétences », assure Mme Fontaine.
Quant à savoir ce qui aurait pu être fait autrement, M. Pelletier parle sans hésiter de la bureaucratie gouvernementale :
« Maintenant que l’on sait, il y a des choses que l’on ferait autrement. Tout est tellement long, les données changent, il faut recommencer. Tout cela est difficile. » « Je suis très fier que le règlement ait été adopté et que cette étape soit passée. Nous avons traversé beaucoup de vagues. Il a sans cesse fallu s’ajuster. Quatre ans, c’est court », note Vincent Bérubé.
Ont-ils failli abandonner ? « C’est passé proche à Saint-Onésime. Lorsque les autres municipalités ont lâché, avec le maire, M. Pilotto [qui a démissionné depuis pour des raisons de santé], on s’est sérieusement posé la question à savoir si ça valait la peine de continuer. Personne ne savait vraiment, mais une chose dont on était certains, c’est qu’on ne pourrait pas continuer à faire cavalier seul très longtemps dans le contexte actuel », conclut Mme Fontaine.
L’adoption du règlement est une étape importante dans un processus administratif rigoureux. Le document sera maintenant transmis à la ministre des Affaires municipales, qui dispose de 30 jours pour analyser le dossier et donner son approbation finale. Entre-temps, les citoyens peuvent lui faire part de leurs commentaires. Si tout va comme prévu, le grand La Pocatière verra le jour en août.