Depuis la folie des deux grandes guerres mondiales, le monde était en équilibre relatif. Même la guerre froide, alimentée par la peur du communisme, avait fini par s’estomper. Le libre-échange mondial et la croissance économique, sous l’égide des grandes corporations multinationales, semblaient rallier tous les pays, même la Chine. Mais voilà que de gros nuages font craindre de nouveau la tempête.
L’Ukraine
La volonté de Poutine de se réapproprier l’Ukraine qui, elle, a choisi de se joindre à l’Europe, a déclenché une nouvelle guerre froide, de plus en plus chaude, qui oppose d’un côté l’Occident (États-Unis, Europe, OTAN, et plusieurs autres pays dits démocratiques dans le monde), et de l’autre côté, les pays dits autoritaires, ou contre le colonialisme occidental jugé décadent, soit la Russie, le Brésil, l’Inde, la Turquie, plusieurs pays d’Afrique et du Moyen-Orient, avec en tête la Chine, dont l’économie est désormais comparable à celle des États-Unis.
Les enjeux de cette guerre mi-froide mi-chaude, qui flirte avec l’utilisation de l’arme nucléaire, du terrorisme, de l’ingérence et de la désinformation, sont en toile de fond les richesses naturelles des pays asiatiques, africains et sud-américains, ainsi que la maîtrise des technologies industrielles, numériques et militaires, mais aussi, en surface, les valeurs démocratiques de liberté individuelle, de droit, de libre entreprise, de gouvernance élue démocratiquement et de souveraineté nationale.
Ce qui se produit au Niger en ce moment montre bien qu’une étincelle n’importe où peut provoquer une conflagration où se retrouvent face à face les dirigeants locaux, les armées, les djihadistes, les anciens colonisateurs, la Russie et ses mercenaires Wagner, la Chine, tous prêts dans ce cas-ci à profiter du pays le plus pauvre d’Afrique, convoité pour son or et son uranium. Comme le Niger est aussi le pays qui compte le plus de jeunes non scolarisés, la population peine à voir qu’elle est en train d’échanger le colonialisme français pour le colonialisme russo-chinois.
Trump
En même temps, en réaction contre les excès du mondialisme multiculturel et la crise généralisée des services publics (santé, éducation, justice, sécurité, habitation, transports, pouvoirs municipaux et régionaux), les mouvements politiques de droite, nourris par le retour aux valeurs religieuses et nationales conservatrices, ont la cote un peu partout, au détriment des valeurs de liberté et de solidarité qui sont au cœur de l’idéal démocratique. Trump, qui vient d’être accusé de complot contre la démocratie américaine, en est l’exemple le plus désolant. Mais la tendance est la même en Italie, en Autriche, en Espagne, en Pologne, en Suède, en France, et même chez nous avec les conservateurs de Poilievre, et selon plusieurs, la CAQ de Legault.
La planète
Pendant ce temps, le capitalisme, qui sévit aussi bien en Chine et en Russie qu’en Amérique et en Europe, achève de détruire l’équilibre du climat et de notre environnement, à tel point qu’on doute de plus en plus que notre planète soit encore habitable à bien des endroits d’ici une vingtaine d’années. Nous en avons une démonstration inquiétante avec les catastrophes naturelles qui frappent un peu partout cet été. Et cette fois, ce n’est pas seulement une civilisation régionale qui est en cause, mais la survie de l’espèce humaine sur la planète Terre dans sa totalité, car le monde fait maintenant un tout.
L’enjeu est énorme, et exigerait une intervention radicale des citoyens eux-mêmes auprès de leurs représentants, un retour à la souveraineté du peuple. Mais les citoyens sont désormais devenus de simples consommateurs, clients de l’État, et l’État, la chasse gardée des partis politiques et des grandes corporations.
Est-il encore possible de sauver la démocratie… et l’humanité?