Le passage des camions forestiers dérange à Saint-Gabriel-Lalemant

1, 2 — Gilles DesRosiers devant l’école primaire de Saint-Gabriel-Lalemant. Photo : Maxime Paradis

Lalemant  

Ils seraient au nombre de 1000 par année, et leur passage est loin d’être bien accueilli. Les camions forestiers qui transportent le fruit des coupes forestières sur les terres publiques au sud de Saint-Gabriel-Lalemant posent depuis un an des questions de sécurité, et accentuent la dégradation de la chaussée au cœur de la petite municipalité kamouraskoise. À bout de ressources, le maire sollicite l’aide du député de Côte-du-Sud. 

Cette situation est toute nouvelle pour Saint-Gabriel-Lalemant, qui n’a jamais été assaillie par le passage de camions forestiers par le passé, de l’avis du maire Gilles DesRosiers. D’aussi loin qu’il se rappelle, les camions lourds transportant le résultat des coupes forestières réalisées en terre publique au sud de sa municipalité ont toujours transité par la route de Holliday en direction de Mont-Carmel.  

Or, un pont sur ladite route ne serait plus en mesure de soutenir le poids de ces camions. En conséquence, la seule issue est désormais la route Zacharie-Ouellet, sous l’autorité du ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD), qui devient ensuite la rue Principale au cœur de la municipalité de Saint-Gabriel-Lalemant.

« Ils passent devant l’école, on trouve ça préoccupant pour la sécurité de nos enfants », explique le maire.

Rien pour diminuer les craintes, ces mêmes camions avaient pris l’habitude d’éviter l’arrêt à l’intersection de la rue Principale et de l’avenue des Érables en coupant par le stationnement du bureau municipal.

La Municipalité a dû prendre les grands moyens en ceinturant son stationnement de boîtes à fleurs pour que cesse cette pratique. « La Municipalité paye déjà le transport scolaire à des enfants qui n’y sont pas admissibles, car ils sont plus vieux que la maternelle et ils habitent à moins d’un kilomètre de l’école, juste pour ne pas les voir emprunter à pied la rue Principale », poursuit Gilles DesRosiers.

Usure prématurée

Saint-Gabriel-Lalemant se préoccupe également de l’usure prématurée qu’occasionne le passage de ces camions forestiers sur la chaussée de la rue Principale. La rue pourrait certainement supporter la charge causée par le passage d’une centaine de camions par année, avance-t-il, mais à environ 1000 depuis plus d’un an, la Municipalité observe une dégradation prématurée de l’asphalte vers les fossés de la route. 

La solution pour Saint-Gabriel-Lalemant serait de faire une demande au volet double vocation du programme d’aide financière à la voirie locale du MTMD afin d’assurer l’entretien du tronçon concerné, qui fait deux kilomètres.

À 1000 transports par année, la municipalité recevrait alors 2000 $ par kilomètre, soit un total de 4000 $, une somme dérisoire aux yeux de Gilles DesRosiers.

« On a dépensé 90 000 $ juste pour remplir des fissures et ramener un chemin municipal à niveau sur une tout aussi courte distance. On n’ira pas loin avec 4000 $ », s’est-il exclamé.

Les ministères se renvoient la balle

Forte de résolutions d’appui adoptées par la MRC et d’autres municipalités du Kamouraska, Saint-GabrielLalemant a rencontré le MTMD en compagnie d’un représentant du ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF), le 23 octobre dernier.

Selon le maire DesRosiers, l’objectif était de sensibiliser l’entreprise forestière à emprunter un autre chemin. « La réponse qu’on a eue : c’est pratiquement de notre faute! On nous a rappelé que nos préoccupations auraient dû être communiquées lors des consultations publiques menées récemment par le MRNF. »

Les consultations en question concernent les plans d’aménagement forestier intégré opérationnels dans les forêts du domaine de l’État, et se sont déroulées du 21 juin au 15 juillet dernier au Bas-Saint-Laurent. Saint-Gabriel-Lalemant n’y a pas participé. 

Après vérification auprès du MRNF, les préoccupations à l’égard de la circulation des camions forestiers auraient de toute manière été jugées irrecevables, puisque ces consultations portaient strictement sur les activités d’aménagement forestier.

« La circulation de véhicules lourds sur un chemin municipal relève des compétences du ministère des Transports et de la Mobilité durable. […] Ainsi, lorsque les municipalités s’adressent au MRNF pour des enjeux de circulation (sécurité, bris de la chaussée, etc.), le MRNF les invite à contacter le MTMD afin de lui faire part de leurs préoccupations, puisque cet enjeu ne relève pas des compétences et de l’expertise du MRNF », a répondu par courriel Caroline Bujold, conseillère en communication au MRNF.

Au MTMD, le relationniste et porte-parole à direction générale des communications Nicolas Vigneault mentionne que la route empruntée par les transporteurs de bois à Saint-Gabriel-Lalemant permet la circulation de ce type de camions.

« Le Ministère n’a pas le pouvoir d’interdire la circulation des camions lourds sur le réseau routier municipal dans ce secteur à vocation forestière. Cette responsabilité incombe plutôt à la Municipalité qui peut légiférer. Le Ministère a un rôle d’approbateur », ajoute-t-il.

La directrice générale de Saint-Gabriel-Lalemant aurait depuis entrepris des démarches pour rencontrer la compagnie forestière. Gilles DesRosiers mentionne également s’être tourné vers le député de Côte-du-Sud Mathieu Rivest à la suite de cette rencontre avec les deux ministères.

Contacté par Le Placoteux, M. Rivest s’est dit « désolé » de la tournure des événements pour Saint-Gabriel-Lalemant. « Dès aujourd’hui, des demandes supplémentaires seront faites pour attacher les deux ministères ensemble et bien comprendre les deux regards dans ce dossier », a-t-il déclaré.

La Municipalité de Saint-Gabriel-Lalemant a ceinturé son stationnement de boîtes à fleurs afin de freiner le passage des camions forestiers qui tentaient d’éviter l’arrêt obligatoire à l’intersection voisine. Photo : Maxime Paradis