Le paysage sonore a une histoire : la gare et le bruit des machines

Locomotive à La Pocatière, durant les années 1930. Crédit photo : Archives de la Côte-du-Sud.

Comme nous l’avons remarqué dans le premier article de cette série de deux, le paysage sonore de la Côte-du-Sud mérite d’être étudié. Il nous renseigne sur les bruits et les sons qui se sont imposés graduellement dans la région.

L’arrivée du chemin de fer après 1854 est tout un événement sur la Côte-du-Sud. Permettant de nouvelles perspectives de voyage et des débouchés pour le transport de matériaux, le train amène toute une panoplie de bruits. Lorsqu’il s’arrête à la gare de La Pocatière en 1859, on le devine rapidement au sifflement qu’il fait. On entend aussi les cloches de la locomotive, le grincement des roues sur les rails et le vrombissement du moteur.

À la fin des années 1880, chaque locomotive doit être dotée d’une cloche d’une trentaine de livres et d’un sifflet à vapeur. Ce système d’alerte est activé pour empêcher une voiture de traverser la voie ferrée. À un peu de 1200 pieds d’un chemin traversé par un train, le conducteur doit actionner le sifflet à vapeur et faire sonner la cloche durant le passage de la locomotive. Certains oublient parfois d’activer ce petit système d’avertissement ce qui leur coûte cher en amende. Les compagnies qui reçoivent les amendes du gouvernement canadien les refilent par la suite au conducteur.

Avec l’industrialisation et la mécanisation, de nouveaux bruits apparaissent. Habitués au son des marteaux et des enclumes, les forgerons se tournent graduellement vers la mécanique automobile puisque dès les années 1930, ils commencent à manquer d’emploi. L’arrivée du transport motorisé va donc bouleverser l’ambiance tranquille des petits villages de la Côte-du-Sud. En l’absence du silencieux avant 1960, on peut imaginer le vrombissement des moteurs lorsqu’ils démarraient ou pétaradaient.

L’arrivée des petites industries et des scieries avec leurs machines à vapeur et leur outillage de plus en plus spécialisés provoque aussi un changement dans la région. On peut essayer d’imaginer l’environnement sonore de l’usine Desjardins de machineries agricoles lorsqu’elle s’est mise en place à Saint-André-de-Kamouraska en 1868 ou celui des scieries de Saint-Pacôme.