Le paysage sonore de la Côte-du-Sud a une histoire (Première partie : À l’église et à la maison)

Le joueur de violon Auguste Garon à Saint-Denis-de-Kamouraska, photo Horace Miner. Crédit photo : Archives de la Côte-du-Sud.

Le monde sonore dans lequel nous vivons a une histoire. Pour la découvrir, on peut penser à ce que l’on pouvait entendre dans l’une ou l’autre des paroisses bordant le Saint-Laurent à partir du Régime français.

Les premiers colons ont d’abord pris conscience des bruits autochtones et de leurs imitations du cri des oiseaux migrateurs. Puis des sons provenant des éléments qui se déchaînent été comme hiver. Le vent occupe une place dans le paysage sonore du Kamouraska. On peut imaginer la réaction des habitants de La Pocatière lorsqu’ils entendirent pour la première fois le sifflement provoqué par le vent sur les fils électriques au début des années 1910.

Le paysage sonore est dominé par les carillons des églises. Celles, entre autres, du fondeur Pierre Latour qui est de passage à Kamouraska en 1724. À l’époque, elles doivent être entendues à un plus de quinze kilomètres. Elles annoncent l’angélus du matin et les offices. Quand on entre dans l’église, la musique religieuse se fait entendre par les chantres des paroisses puis par des orgues Casavant et Mitchell que les fabriques acquièrent au XIXe siècle. À partir de 1899, à l’église Notre-Dame-de-Bonsecours de L’Islet, il n’est pas rare d’entendre la nouvelle fournaise à vapeur qui assure le chauffage du bâtiment. Bref, avec le temps, des sons nouveaux apparaissent.

Dans les maisons, les bruits des travaux domestiques sont familiers. Mais avec l’arrivée des horloges de pain d’épice, des phonographes et des radios, l’environnement sonore change considérablement. Dans ses mémoires à Kamouraska, Jos-Phydime Michaud raconte qu’il s’amusait à faire carillonner l’horloge de la maison au grand dam de son père. Au début des années 1930, plusieurs familles se procurent de petites radios. L’arrivée des premiers instruments de musique est aussi un événement dans la région. Dans certaines paroisses comme à Saint-Marcel, on peinait à trouver un violoneux dans les années 1900. Dans certaines familles, le piano occupe une place au salon. C’est le cas dans la maison paternelle de l’écrivain Henri-Raymond Casgrain dans les années 1870.