Le Placoteux prêt à faire face à l’après-Publisac

Le Placoteux continuera d’être distribué dans le Publisac jusqu’au début 2024. Photo : Maxime Paradis

Transcontinental cessera progressivement la distribution du Publisac d’ici mai 2024. Dans la région, le populaire sac de circulaires accroché aux portes des foyers de Kamouraska-L’Islet ne sera plus qu’un souvenir dès février prochain, obligeant l’hebdomadaire Le Placoteux à revoir son mode de distribution.

« La nouvelle peut paraître surprenante, mais de notre côté on s’y attendait. On savait que le Publisac était en soins palliatifs depuis un moment; la date du décès ne pouvait qu’être imminente », a déclaré Louis Turbide, directeur général de l’hebdomadaire Le Placoteux.

Fondé en 1978 à Saint-Pascal, Le Placoteux est comme bien d’autres hebdos du Québec distribué depuis plusieurs années au moyen du Publisac. En février prochain, ce mode de distribution sera révolu dans Kamouraska-L’Islet.

Loin de se décourager, le directeur général du Placoteux voit cette annonce comme une opportunité pour son hebdomadaire. Un plan B, qu’il se garde de dévoiler, est dans les cartons depuis un moment. Ce dernier sera annoncé rapidement, afin de préparer les lecteurs et les annonceurs au changement d’habitudes qui s’annonce, et qui entraînera avec lui des économies substantielles pour le journal. « Il ne reste que quelques ficelles à attacher », assure-t-il.

Temps durs pour les médias

L’abandon du Publisac par Transcontinental survient néanmoins à un très mauvais moment. Depuis août dernier, les médias traditionnels sont boycottés par Facebook, en lien avec l’adoption du projet de loi C-18 par le fédéral qui veut forcer le réseau social à payer des redevances pour le contenu en information qui y est versé. Par conséquent, la portée des articles journalistiques en provenance des sites internet en information se voit actuellement réduite.

En Australie, où un projet de loi pratiquement similaire a été adopté ces dernières années, les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) avaient procédé au même type de boycottage, mais ce dernier avait duré à peine quelques semaines avant qu’ils n’acceptent de se rallier. Au Canada, le bras de fer perdure depuis maintenant deux mois et demi, et rien n’indique que Facebook acceptera les conditions édictées par le gouvernement Trudeau lorsque le projet de loi entrera officiellement en vigueur en décembre prochain.

À cela s’ajoute la suppression de 547 postes chez TVA, annoncée la veille. La chaîne télévisuelle est une division de Québecor, entreprise également active dans le domaine de l’impression et qui imprime plusieurs hebdomadaires du Québec, dont Le Placoteux.

Louis Turbide est d’avis que le papier n’a pas encore dit son dernier mot, surtout en région. Et si la fin du Publisac précipitait la disparition des journaux papier, il avoue que l’hebdomadaire qu’il dirige a déjà en main une solution numérique toute prête à être déployée. « Nous l’avons expérimentée quelques fois, et nous sommes plus que satisfaits du résultat. »

Nouveaux outils

Ces douches froides successives dans le domaine des médias traditionnels ont été l’occasion récemment pour Le Placoteux d’ouvrir de nouveaux canaux de communication sur le web et par le biais de la baladodiffusion. Ceux-ci feront l’objet d’une promotion soutenue dans les pages de l’hebdomadaire au cours des prochaines semaines.

Une infolettre envoyée sur une base hebdomadaire permet désormais aux abonnés de rester connectés à l’essentiel de l’information de Kamouraska-L’Islet. À cela s’ajoute le balado Trêve de placotage animé par l’équipe journalistique du journal et disponible sur toutes les plateformes d’écoute en continu (Spotify, Apple Music, YouTube). « Notre prochaine étape est le lancement à court terme d’une application mobile pour notre lectorat qui préfère avoir accès à l’information facilement sur ses appareils mobiles. Comme vous voyez, les possibilités de nous réinventer sont encore loin d’être épuisées », conclut Louis Turbide.