Le Symposium de peinture du Kamouraska en sera l’été prochain à sa 32e édition… s’il a lieu ! En effet, les temps ont changé, et plusieurs éléments obligent ses organisateurs à se questionner sur son avenir.
Ce Symposium de peinture, issu de la communauté de Saint-Germain, a été sans contredit un des événements annuels qui a le plus contribué à révéler « le doux pays du Kamouraska » au Québec tout entier… et aux citoyens de Saint-Germain et du Kamouraska eux-mêmes !
Des milliers d’images créées ici par des centaines de peintres, illustrant notre fleuve, ses battures et ses îles, nos villages et leurs vieilles maisons et granges en bois, nos cabourons dressés au milieu de grands champs cultivés, ou le mythique rang du Mississipi ont envahi le Québec, et convaincu les gens d’ici et d’ailleurs que « Saint-Germain et le Kamouraska, c’est beau ! ». Ces images ont fait de ces villages des lieux de nature et de culture de plus en plus recherchés par les visiteurs et par ceux qui désertent les villes.
Cela a été possible parce ce symposium a été porté par une communauté : celle de Saint-Germain d’abord, à laquelle s’est assez tôt jointe celle de Kamouraska. Les citoyens y ont accueilli les peintres, ils leur ont offert des bâtiments pour installer leur atelier improvisé, ils les ont hébergés chez eux, ils leur ont fait découvrir le pays et ses secrets, ils leur ont fait à déjeuner à la Maison du Rendez-vous, les ont invités à leurs fêtes, leurs enfants sont venus peindre avec eux, si bien que le Symposium est vite devenu une rencontre entre les artistes, la communauté, un territoire, et un espace pictural peu fréquenté jusque là par les peintres, et qu’il n’a pas tardé à attirer un nombre étonnant de peintres renommés et de visiteurs de partout, qui inspirèrent beaucoup de jeunes peintres.
Avec le temps, les équipes ont changé. En voulant étendre le Symposium à l’ensemble des villages du Kamouraska, on a peu à peu dissous ce lien avec une communauté qui en était l’âme. Le financement de l’événement et le recrutement des bénévoles se sont faits plus ardus. L’événement a pris davantage l’allure d’une foire commerciale, où les peintres ont tendance à voir davantage une occasion de vendre leurs toiles que de peindre les lieux, et les commerçants locaux une occasion de « faire leur hiver ». La peinture paysagère étant de plus en plus délaissée, la pertinence des peintres invités et l’intérêt de leurs travaux ont décliné d’année en année.
Surtout, le Symposium n’est plus cette expérience culturelle communautaire qu’il a été. Les gens de Saint-Germain rêvent encore de la belle époque en fixant sur leurs murs les peintures « griffées » dont leur ont fait cadeau les peintres qu’ils ont autrefois hébergés ! Malgré les efforts louables faits ces dernières années pour renouer avec l’âme de ce Symposium, l’événement attire de moins en moins. Une nouvelle équipe peut sans doute tenter de lui redonner une deuxième vie. Mais peut-être a-t-il tout simplement fait son œuvre et son temps. D’autres manifestations culturelles prennent la relève un peu partout sur le territoire : le Cirque de la Pointe-Sèche, le Festival Archipel, la Société et le Sentier des Cabourons, les maraîchers et leurs marchés paysans, et tant d’autres.
La leçon que j’en tire, c’est que notre meilleur atout de développement, en campagne, c’est notre territoire, nos sites, la beauté et la richesse de notre « petit pays », de ce qui nous entoure tous les jours.