Le temps presse pour le Québec

Émilise Lessard-Therrien. Photo tirée du Facebook Émilise Lessard-Therrien.

La situation politique au Québec s’est considérablement transformée depuis la dernière élection, plus particulièrement depuis l’élection partielle dans Jean-Talon.

Trois partis d’opposition — Conservateur, Libéral et Québec solidaire — ont vu leurs espoirs de croissance freinés par des clientèles de plus en plus réduites, et la venue d’Émilise comme co-porte-parole à QS ne suffira sans doute pas à combler le fossé qui sépare ce parti des régions.

Le retour du PQ

Le Parti québécois, qu’on avait donné pour mort, a repris vie grâce à un nouveau chef dont l’intelligence et l’authenticité sont perçues comme un souffle nouveau en politique. Du même coup, le projet de souveraineté politique du Québec se voit réanimé, au détriment du nationalisme fédératif de la Coalition avenir Québec, et du multiculturalisme de QS et des Libéraux.

Simultanément, le gouvernement de la CAQ donne des signes de plus en plus inquiétants de désorientation et de maladresse face au désaveu de ses choix politiques, et opère un virage majeur vers un projet de développement énergétique pharaonique, commandé par la filière-batterie, qui risque de mobiliser des ressources considérables au cours des prochaines décennies, sans aucun contrôle possible de la part de la population et aucune possibilité de retour en arrière.

La prochaine élection risque donc de porter de nouveau sur l’avenir politique du Québec. Quel parti pourra porter le rêve cette fois-ci, et à quelles conditions?

Une stratégie à réinventer

Les deux référendums précédents ont démontré que l’exercice référendaire partisan, tel qu’on l’a connu, est plus susceptible de dresser deux camps l’un contre l’autre que de rassembler l’ensemble des Québécois dans une délibération commune.

Dans le contexte actuel, où la confiance des gens envers les élus et les partis politiques est au plus bas, l’exercice devrait privilégier la souveraineté du peuple plutôt que celle de l’État et des partis politiques.

Ce qu’il faut dès maintenant mettre de l’avant, c’est une vision du Québec où les communautés locales, les régions, les citoyens constituent la colonne vertébrale du pays, des services publics et de l’exercice du pouvoir : un Québec décentralisé, où l’État joue un rôle rassembleur plus que contrôleur; une démocratie territoriale, où les communautés locales et régionales sont dotées de gouvernements autonomes; une démocratie où les citoyens, et non les partis politiques, exercent le pouvoir; une citoyenneté québécoise qui agit comme ciment de la nation et de ses diverses composantes, incluant les Premières Nations, traitées comme nations autonomes.

L’autre dimension essentielle de ce projet québécois devrait être la transition écologique à effectuer dans l’utilisation des ressources, la production des biens nécessaires, l’aménagement du territoire, et l’autonomie des communautés, c’est-à-dire une profonde remise en cause de nos dogmes de libre-échange, de centralisation, d’aménagement et d’urbanisme, de transport et de consommation.

Constituer le Québec

En fait, l’exercice collectif qui pourrait le mieux permettre cette refondation du Québec sur le peuple québécois dans son ensemble, c’est ce qu’on appelle un exercice constituant, soit la convocation d’une assemblée constituante citoyenne représentative et non partisane, mandatée pour doter le Québec d’une constitution moderne. Dans le cas du Québec, il s’agirait d’une première, car on n’a jamais demandé au peuple québécois de « constituer le Québec », de définir ce qu’il est et la façon dont il veut se gouverner et se diriger. Un référendum portant sur une constitution ainsi écrite aurait un effet de cohésion sans précédent, et une légitimité incontestable face à Ottawa.

Le temps presse

Il faut dépasser les luttes terre à terre, sectaires et partisanes qui nous accaparent trop facilement, et penser à notre avenir comme peuple, comme nation, comme État, et comme citoyens de cette planète.