Oubliez une construction complète de A à Z. Le tramway de Québec serait seulement assemblé à l’usine Alstom de La Pocatière, selon le syndicat des employés de l’usine. Une usine mexicaine à environ 4000 km de la capitale nationale s’occuperait de concevoir les composantes. La nouvelle aurait été confirmée aux employés de l’usine de La Pocatière par l’employeur le 24 avril, à la suite de la signature du contrat entre la Ville de Québec et Alstom.
Rappelons que la multinationale ne s’est jamais engagée publiquement à réaliser le contrat entièrement à l’usine de La Pocatière. En février dernier, lorsqu’elle a été confirmée comme soumissionnaire privilégiée par la Ville de Québec, la multinationale indiquait bien que la conception du tramway serait faite à ses bureaux de Saint-Bruno-de-Montarville, et que l’assemblage se déroulerait à son usine de La Pocatière. « Le directeur de l’usine nous avait assuré que ça incluait aussi la fabrication », dit aujourd’hui Marco Lévesque, président du syndicat des employés de l’usine.
Au lendemain de l’annonce de la nouvelle aux employés, Marco Lévesque n’en revient toujours pas. La logique aurait voulu que la proximité des installations d’Alstom à La Pocatière par rapport à la ville de Québec permette une part de gâteau plus intéressante aux employés qu’il représente. « L’employeur nous dit qu’il y aurait une centaine de personnes qui travailleraient sur l’assemblage, cols bleus et cols blancs inclus. Ça nous semble un peu exagéré, car pour un contrat semblable fait pour Vancouver, on était beaucoup moins de monde que ça », a-t-il déclaré.
Les employés de l’usine de La Pocatière sont polyvalents, poursuit Marco Lévesque. Or, la réalité est que la soudure demeure la spécialité du site. « Nous sommes plus que des “tourneux” de boulons; nous sommes des soudeurs. Si on veut garder notre expertise, il faut travailler dans ce qu’on excelle. En assemblant le contrat de Québec, on ne soude absolument rien. »
Subventions gouvernementales
En mars 2021, Alstom avait reçu un prêt pardonnable de 56 M$ du gouvernement provincial, sous réserve de respecter une garantie minimale de 400 emplois à son usine de La Pocatière d’ici 2026, et de 350 pour la période 2026-2029 — ils étaient 440 en février dernier. L’argent devait servir à la modernisation de l’usine, qui aurait permis depuis la réalisation du contrat des 60 véhicules légers sur rail de la Toronto Transit Commission, selon Marco Lévesque. Toutefois, ce modèle de train ne serait plus fait, à terme. « C’est un ancien modèle Bombardier », a-t-il précisé.
Le président du syndicat se désole qu’autant d’argent public, provenant des Québécois, ait finalement si peu de retombées au Québec. « Le gouvernement provincial, je ne sais pas s’il a son mot à dire, mais quand il vient nous donner de l’argent comme ça pour favoriser l’achat local, et qu’il ne veille pas à ce qu’il y ait plus de retombées chez lui, c’est une aberration. Ils ont beau être payés moins cher au Mexique, mais l’argent qu’ils vont faire, c’est là-bas qu’ils vont le dépenser, pas ici. »
Selon Le Soleil, le contrat du tramway de Québec est évalué à un peu plus de 1 G$. Il comprend la construction de 34 rames de tramway par Alstom, un coût évalué à 569 M$. Il implique également l’entretien du matériel sur 30 ans, pour l’équivalent de 768 M$ qui seront versés par le Réseau de transport de la Capitale. Advenant le feu vert pour la réalisation par le Conseil des ministres, la fabrication du matériel pourrait débuter autour du 10 novembre de cette année. L’assemblage des rames commencerait autour de 2025 à l’usine de La Pocatière. La mise en service du tramway est prévue pour l’été 2029.