Après l’église de Saint-Pacôme, c’est au tour de celle de Sainte-Louise d’être mise en vente. Faute de ressources pour entretenir l’édifice, la Fabrique a dû se résoudre à cette décision.
« Nous avons essayé de multiples avenues pour redonner vie à notre église, mais les ressources nous manquent. La municipalité, qui semblait prête à collaborer, a finalement décliné en raison des coûts d’assurance », explique Louise Tardif, présidente de la Fabrique de Sainte-Louise.
Depuis 2020, la Fabrique a multiplié les efforts pour transformer l’église en un lieu multifonctionnel, répondant aux besoins actuels de la communauté. « Nous avions envisagé des plateaux sportifs ou d’autres activités communautaires pour que l’église reste un lieu de rassemblement, mais cette dernière option a été refusée. »
Ce refus a porté un coup dur à la Fabrique, déjà fragilisée par une fréquentation en chute libre. « Il n’y a plus de messes régulières depuis la pandémie, et les rares événements, comme les baptêmes, ne suffisent plus à couvrir les coûts de base, qui avoisinent les 30 000 $ par an », précise Mme Tardif. L’église, bien que non classée au patrimoine, reste un édifice en bon état, mais les dépenses pour son entretien sont devenues insoutenables pour la petite communauté de Sainte-Louise, qui compte à peine 700 âmes.
La Fabrique, en désespoir de cause, a finalement décidé de mettre l’église en vente, sans pour autant fixer de prix. « Nous avons simplement installé des pancartes, et attendons de voir les offres », indique Louise Tardif. Quelques intéressés ont déjà contacté la Municipalité pour s’informer, mais l’avenir de l’édifice reste incertain. « Nous espérons que l’église pourra trouver un nouvel usage, et ne pas devenir une autre bâtisse abandonnée au cœur de notre village, » ajoute-t-elle avec un brin de nostalgie.
Le projet de reconversion, qui avait été développé en collaboration avec l’entreprise spécialisée Passerelle, visait à transformer l’église en un centre sportif ou en un lieu de rencontres pour les jeunes. « Nous avons travaillé pendant trois ans et demi sur ce projet, en consultant la population pour connaître ses besoins, mais les coûts ont finalement eu raison de nos ambitions, » déplore la présidente de la Fabrique.
Pas un cas unique
Cette situation n’est pas unique à Sainte-Louise. De nombreuses églises au Québec font face au même sort, victimes d’un désintérêt croissant pour le culte religieux, et d’un manque de fonds pour leur entretien. « Les églises ferment partout, c’est inévitable, » constate Louise Tardif. Cependant, la perte de ces édifices emblématiques représente plus qu’un simple changement dans le paysage architectural; c’est un pan entier de la vie communautaire qui disparaît. « L’église était le centre de la paroisse, le lieu où les gens se réunissaient, » rappelle Mme Tardif, regrettant cette époque révolue.
L’avenir de l’église de Sainte-Louise reste en suspens, tandis que la Fabrique continue de chercher des solutions pour éviter qu’elle ne devienne un « éléphant blanc ». « Nous voulons que l’église continue de vivre, qu’il y ait de l’activité à l’intérieur », insiste la présidente. La communauté reste attachée à ce symbole de son passé, même si la réalité économique semble imposer une vente comme seule issue.
« Ce serait triste de voir l’église fermer définitivement, mais, si nous ne trouvons pas une solution, nous n’aurons pas d’autre choix », conclut Mme Tardif. La Fabrique espère que cette mise en vente suscitera l’intérêt, et qu’une nouvelle vie pourra être offerte à l’église, afin qu’elle reste un lieu de rassemblement.
Historique des démarches pour sauver l’église
Le conseil de Fabrique a fait parvenir à tous les résidents un document expliquant la situation, de même que les actions prises pour tenter de sauver l’église. En voici la retranscription.
2021 : Formation d’un comité ad hoc pour la reconversion de l’église; celui-ci demande l’aide de la Municipalité.
2022 : Citation du bâtiment par la Municipalité comme patrimoine municipal : cote C – Supérieure.
2022 : Grâce à une subvention, la Municipalité engage la compagnie Passerelle pour élaborer un projet de reconversion, avec la MRC de L’Islet en soutien.
2024 : 9 janvier, le conseil de Fabrique adresse au conseil municipal une lettre d’intention de cession gratuite du bâtiment de l’église à la Municipalité.
2024 : En mars, dépôt par la Municipalité d’une demande de subvention pour la réalisation du projet de reconversion élaboré par le comité ad hoc et la compagnie Passerelle.
2024 : En mai, la municipalité invite la population à une rencontre d’information sur la répercussion des coûts de différents projets sur les comptes de taxes. Les citoyens présents dénoncent l’absence de certains conseillers municipaux, qui est interprétée par les citoyens présents comme un non-appui et un désintéressement de leur part, indifférence et déni de responsabilités historiques.
2024 : Le maire affirme, dans le journal municipal Parlouisen de juillet, suivre le dossier et attendre encore une réponse à la demande de subvention.
2024 : Le 2 juillet, revirement total, le conseil municipal refuse la cession du bâtiment, sans référendum auprès des citoyens, dont plusieurs affirment qu’ils accepteraient une augmentation de leurs taxes pour sauver l’église.