Les Producteurs acéricoles du Bas-Saint-Laurent–Gaspésie (PPABSLG) sont en furie. Plusieurs ont manifesté leur mécontentement devant les bureaux d’Amélie Dionne, la ministre responsable de la région du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, qu’ils interpellent. Selon eux, le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) renie ses engagements.
« Les producteurs se sentent trahis. On s’est entendu avec notre gouvernement, avec le ministère des Ressources naturelles, pour avoir 2000 nouveaux hectares de superficie en potentiel acéricole au Bas-Saint-Laurent. Mais de la manière qu’ils font leurs calculs, au final, on se ramasse avec à peine 1000 hectares », affirme Justin Plourde, le président des PPABSLG. « Depuis le mois d’août qu’on est là-dedans. Pour nous, c’est une fin de non-recevoir. C’est une trahison, c’est carrément une trahison. Les gens ont goût amer. »
Le dossier est complexe. M. Plourde explique que lorsqu’un producteur veut avoir une superficie pour s’installer ou s’agrandir en forêt publique, il doit demander un avis d’attestation de réservation d’une superficie. « Un producteur peut par exemple demander jusqu’à 50 hectares pour un agrandissement. Mais la superficie demandée n’est pas toujours utilisée à 100 %. Si un producteur a demandé 50 hectares, au final, il va peut-être n’en utiliser que 25. Mais le gouvernement considère que le reste, ce qui n’est pas utilisé, ce sont des nouvelles superficies. Ce n’est pas du tout le cas. C’est comme s’ils soustrayaient des superficies dans la banque qu’on a déjà, et nous disent que ce sont des nouvelles superficies. Ils comptabilisent deux fois les mêmes choses. C’est une réflexion malhonnête », ajoute M. Plourde.
Le groupement considère que cette réinterprétation de l’entente contredit les engagements publics de l’ex-ministre Maïté Blanchette-Vézina, et bafoue les principes qui ont guidé les négociations entre les représentants des Producteurs acéricoles du Québec (PPAQ) et le MRNF.
En signe de protestation, les producteurs ont déposé des chaudières remplies de sciure de bois devant les bureaux du MRNF à Rivière-du-Loup, avant de se rendre au bureau de la députée de Rivière-du-Loup–Témiscouata–Les Basques et ministre responsable du Bas-Saint-Laurent, Amélie Dionne, pour exiger une rencontre urgente.
Entente provinciale
Selon les producteurs acéricoles, après des mois de négociation, les PPAQ et le MRNF s’étaient entendus en mai avec le gouvernement sur l’octroi d’une banque de 50 000 hectares en forêt publique pour les 20 prochaines années, dont 2000 hectares réservés au Bas-Saint-Laurent pour de nouveaux projets à moyen terme. Or, le Ministère impose une réduction de moitié, privant la région de 215 000 entailles potentielles.
« Nous avons négocié de bonne foi, fait des concessions, et maintenant on tente de revenir sur ce qui a été convenu. C’est indigne d’un gouvernement qui prétend soutenir l’économie régionale », poursuit Justin Plourde, qui soupçonne l’industrie forestière d’avoir quelque chose à y voir. « L’industrie forestière a le bras long. Il y a un lobby qui est très, très puissant. On peut juste conclure que c’est ce qui s’est passé durant l’été. Il a dû y avoir des communications pour dire que 2000 hectares, c’est trop. L’industrie forestière s’est braquée contre ça, et le ministre a encore une fois plié. Ça semble être ça. »
Justin Plourde affirme que les producteurs ne demandent pas un sou au gouvernement. « On dit simplement de respecter ce qui a été signé, de nous donner la possibilité de nourrir économiquement notre région. C’est ce qu’on demande au gouvernement. Force est de constater qu’ils nous mettent encore des bâtons et des roues, c’est inacceptable. En retranchant 1000 hectares, ce sont des dizaines de projets et 21,5 M$ d’investissements qui sont compromis. Ça menace la vitalité économique de nombreuses communautés. »
L’industrie acéricole au Bas-Saint-Laurent
715 entreprises
10,1 millions d’entailles
Production de 144 M$
L’industrie acéricole au Québec
8400 entreprises
57,5 millions d’entailles
Production de 753,6 M$

