Quand on parle de patrimoine religieux, on fait surtout référence à celui des églises construites avant les années 1900. On oublie parfois que ce patrimoine est intimement lié au travail des artisans.
Charpentiers, menuisiers, doreurs et sculpteurs, tous ont contribué à façonner les lieux de culte de la Côte-du-Sud. François Baillairgé (1759-1830) qui est aussi architecte a sculpté plusieurs pièces de mobilier que l’on retrouve dans les églises de Saint-Jean-Port-Joli et de Sainte-Louise-des-Aulnaies. D’autres artisans moins connus que les Baillairgé ont laissé des œuvres intéressantes. On peut penser à Amable Charron (1785-1844) de Saint-Jean-Port-Joli qui sculpte les boiseries de la nef et la corniche de l’église de Notre-Dame-de-Bonsecours de L’Islet.
Certains artisans réussissent à te tailler une carrière remarquable. Le menuisier de Québec Pierre Gauvreau (1813-1884) devient maçon, entrepreneur et architecte. Connu pour avoir réparé plusieurs quais de la Côte-du-Sud comme architecte en chef du ministère des Travaux publics, celui-ci dessine les plans de l’église néo-gothique de Saint-Roch-des-Aulnaies et intervient pour la construction du palais de justice de Kamouraska.
Les architectes sont également polyvalents. C’est le cas de David Ouellet (1844-1915) qui travaille comme entrepreneur et sculpteur. Celui-ci réalise la décoration intérieure de l’église de Saint-Cyrille de Lessard en 1885. Au cours du XIXe siècle, les architectes entrepreneurs engagent les tailleurs de pierre, les maçons, les plâtriers et les menuisiers pour leurs travaux.
Les artisans sont prêts à déménager pour un temps afin de répondre à la demande. Dans les années 1720, le maître maçon de Beaumont Jean Poliquin (1641-1721) n’hésite pas à se rendre jusqu’à Rivière-Ouelle pour gagner sa vie. On lui doit le presbytère de Rivière-Ouelle construit en 1726. Le plâtrier et ornemaniste de Saint-Malachie Thomas-Martin Quigley réalise le plâtrage des églises de Saint-Aubert et de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Bref, on oublie parfois que le patrimoine religieux c’est le legs de nombreux artisans qui le plus souvent sont restés anonymes ou dans l’ombre.