Les terrains de jeux (ou camps de jour, selon la certification obtenue) représentent la plus ancienne offre de services en loisirs estivaux dans les municipalités. Avec les changements sociétaux, les besoins des familles qui ont évolué, et les attentes des parents qui changent, les camps de jour font face maintenant à plusieurs défis.
Au Kamouraska, 12 municipalités offrent un camp de jour public. L’été dernier, deux d’entre elles ont dû l’annuler faute de personnel, ce qui a évidemment eu des répercussions importantes sur la vie des familles d’ici. D’autres communautés ont vécu des insatisfactions par rapport au nombre de semaines offertes qui ne couvrait pas tout l’été, au coût d’inscription trop élevé, au manque d’encadrement et de sérieux des moniteurs, et au nombre insuffisant de places disponibles.
Face à toutes ces problématiques et au peu de travail fait pour améliorer la situation, comme cela a été soulevé dans les témoignages reçus, des questions s’imposent : est-ce que nos acteurs municipaux mesurent l’importance d’une offre de camp de jour public de qualité et accessible, tant en termes de places qu’en termes de coût? L’accessibilité n’est-elle pas une valeur fondatrice du loisir public?
L’été dernier, Marie (nom fictif) a dû réinventer toute sa routine familiale lorsqu’elle a appris que sa municipalité annulait le camp de jour faute de personnel.
Cette problématique survient aussi lorsqu’une municipalité choisit de ne pas accepter les enfants de 4 ans qui sont pourtant déjà à la maternelle. Les parents se retrouvent alors sans option pour l’été. C’est ce qui est arrivé à Justine Chenard, qui a appris la journée des inscriptions que son fils ne serait pas admis au camp. Précisons qu’après plusieurs discussions, la municipalité est finalement revenue sur sa décision, mais rien n’est garanti pour l’été prochain.
Pour Marie-Christine Pelletier, c’est le nombre de places limité, combiné à un coût trop élevé et à une communication déficiente de la Municipalité qui ont posé problème.
Le coût, un choix politique?
Le coût est un autre frein à l’accessibilité au camp de jour. En 2021, la Municipalité de Mont-Carmel, avec un coût hebdomadaire de 75 $ par enfant, se retrouvait dans le top trois des camps de jour les plus coûteux de tout le Bas-Saint-Laurent. Avec une formule similaire, le camp de jour de Saint-Philippe-de-Néri, la municipalité voisine, était offert à 40 $ par semaine.
Comment expliquer de tels écarts? S’expliquent-ils par des services supplémentaires? Si oui, lesquels? Sont-ils liés au type de gestion?
Il semblerait qu’un facteur important soit la participation financière de la Municipalité. Ce sont donc les élus qui doivent faire du camp de jour leur priorité pour le rendre accessible au plus grand nombre de familles. C’est le bien-être des enfants qui est en jeu.
À quoi bon rédiger une jolie politique familiale, dont l’objectif est de favoriser le mieux-être des familles et des enfants, si le plus important service que la municipalité leur offre n’est pas en adéquation avec leurs besoins et leur réalité, ou s’il est tout simplement inexistant?
Dans certaines municipalités, des parents ont partagé leur mécontentement par rapport à l’encadrement et à l’environnement offerts aux jeunes. Dans d’autres, pour éviter une fermeture ou pour améliorer l’offre, ils se sont réunis, ont offert leur aide, leurs idées, ont demandé des changements et proposé des solutions. Pourtant, personne ne semblait être disponible pour prendre la balle au bond et agir comme catalyseur de l’initiative citoyenne. Nos agents de développement manquent-ils de temps, de ressources ou de volonté? Se sentent-ils menacés? Pourtant, quand un souffle d’énergie émerge de la communauté, il faut faire preuve d’ouverture, de flexibilité.
Rappelons-le, le loisir public doit poursuivre les objectifs de la collectivité et s’imprégner des valeurs de cette dernière. Alors pourquoi les principaux intéressés ne sont-ils pas consultés en amont?
La participation citoyenne serait-elle la bienvenue seulement lorsqu’elle prend la forme de consultation publique ou de sondages aux cinq ans dans le but de rédiger un plan d’action? Puis, on s’y ferme quand vient le temps d’ajuster des décisions récentes et de trouver des solutions concrètes à une problématique.
Les enjeux nommés en introduction représentent des défis de taille pour nos organisations municipales, à qui on donne toujours plus de responsabilités, mais elles n’ont pas le droit de baisser les bras aussi facilement. Elles le doivent aux familles, elles devront réfléchir ensemble, coopérer, mettre des ressources en commun et agir. Cette action commencera par le fait de prendre au sérieux ce service et de le voir comme il est : une extension des services de garde en contexte de vacances et de loisirs. Les camps de jour publics sont loin d’être une réalité secondaire, ce sujet touche la majorité de nos familles et de nos enfants.
Josée-Ann Dumais, Mont-Carmel