Transcontinental ayant récemment annoncé la fin progressive de la distribution du Publisac partout au Québec d’ici mai 2024, et localement dès le mois de février prochain, le populaire sac de circulaires accroché depuis des lunes aux portes des foyers de Kamouraska-L’Islet ne sera désormais plus qu’un vague souvenir. Cette situation, qui change radicalement les habitudes de consommation d’information de la population, a fait réagir les élus du secteur.
Le préfet de la MRC de Kamouraska, Sylvain Roy, croit ainsi que la fin du Publisac nuira à l’information locale. Il souhaite néanmoins qu’on trouve ensemble des solutions au problème de distribution que cela occasionnera aux hebdos.
« Tout ce qui nuit ou ajoute des embûches à la libre circulation de notre information locale et régionale m’horripile et me désole. Étant toujours aussi créatifs en région, je sais toutefois que nous trouverons des alternatives pérennes. Un autre défi à relever! », a-t-il déclaré.
Quant à son homologue de la MRC de L’Islet, la préfète Anne Caron, elle mettra le sujet à l’ordre du jour à la prochaine rencontre des maires afin de discuter de cet enjeu qui touche l’entièreté de la région.
« Ce qui m’inquiète, c’est que les personnes âgées et à faibles revenus n’ont pas toujours les moyens d’avoir internet pour s’informer, surtout que le coût de la vie ne cesse d’augmenter. Comment s’informeront-ils, et comment pourront-ils obtenir les rabais dont ils ont besoin si le Publisac n’est plus distribué? », s’est-elle interrogée.
Concernant maintenant la position du député caquiste de Côte-du-Sud Mathieu Rivest, il a réitéré la volonté de son gouvernement d’accompagner les médias dans cette époque de transition.
« Mon collègue Mathieu Lacombe a déjà dit publiquement que notre gouvernement accompagnera le secteur dans cette transition qui touche les médias d’information. Le ministère de la Culture et des Communications est conscient des enjeux de distribution et des coûts d’impression qu’ont à assumer les journaux locaux. Je considère aussi que votre présence sur notre territoire est essentielle au maintien d’une saine démocratie. Le ministre aura tout mon soutien à titre d’adjoint à la Culture au sein du cabinet, et je serai présent pour défendre les intérêts de l’information locale, qui est primordiale pour nos régions », a-t-il souligné au Placoteux.
Solution envisagée
Puisqu’il s’agit d’un enjeu de distribution, le Bloc Québécois a demandé au gouvernement libéral de faire pression auprès de Postes Canada afin qu’elle prenne le relais en acceptant de distribuer les journaux locaux et régionaux à un tarif préférentiel. Postes Canada facture présentement des frais exorbitants pour la livraison, lesquels, dit-on, seraient jusqu’à trois fois le prix demandé par Transcontinental pour la distribution du Publisac.
« Nos journaux locaux sont essentiels, et contribuent à la couverture des enjeux régionaux au Québec. C’est là une question de survie, le gouvernement doit agir! », a déclaré le porte-parole du Bloc Québécois en matière de Patrimoine, Culture et Communications, Martin Champoux.
Questionné sur cet enjeu le 8 novembre dernier par Le Placoteux, le député conservateur de Montmagny–L’Islet–Kamouraska–Rivière-du-Loup Bernard Généreux n’avait toujours pas donné signe de vie au moment d’écrire ces lignes.
Une crise médiatique sans précédent
L’abandon du Publisac par Transcontinental survient visiblement à un très mauvais moment, car depuis le mois d’août dernier, les médias traditionnels sont boycottés par Facebook, en corrélation directe avec l’adoption du projet de loi C-18. Ce dernier, adopté par le gouvernement Trudeau, vise notamment à forcer le populaire réseau social à payer des redevances pour le contenu en information qui y est publié.
« La crise qui secoue nos médias est grave et sans précédent. Les coupes au Groupe TVA en sont la dernière manifestation, et nos médias écrits ne sont pas en reste. Le gouvernement a la responsabilité de faire tout en son pouvoir afin de permettre à nos médias de survivre, pour qu’ils puissent continuer d’exercer le rôle névralgique qu’ils occupent comme relais d’une information fiable, de qualité, et garante d’une démocratie en santé. Ça fait maintenant plus d’un an que le Bloc formule cette demande, et la crise s’envenime de jour en jour. Nous appelons la ministre du Patrimoine canadien et Postes Canada à assumer leurs responsabilités, et à annoncer des tarifs préférentiels pour que Postes Canada puisse distribuer nos hebdos. Ça presse pour notre presse, réveillons-nous! », a conclu le député Champoux.