Les enseignants de la région du Bas-Saint-Laurent se positionnent massivement en faveur d’une interdiction complète des cellulaires en milieu scolaire. Selon les consultations menées par le Syndicat de l’enseignement du Grand-Portage (SEGP-CSQ) et le Syndicat de l’enseignement de la Côte-du-Sud, respectivement 76 % des répondants d’un côté comme de l’autre estiment que l’interdiction des téléphones cellulaires devrait s’étendre à l’ensemble de l’école, et non seulement aux salles de classe.
Dans le secteur du Centre de services scolaire de la Côte-du-Sud, 120 enseignants ont participé à la consultation de février dernier. Du côté du Centre de services scolaires de Kamouraska–Rivière-du-Loup et du Fleuve-et-des-Lacs, ce sont plus de 160 enseignants qui ont pris part au sondage. Ces résultats locaux s’inscrivent dans une démarche provinciale plus large menée par la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), qui a récolté les réponses de près de 7000 enseignants à travers le Québec.
Un appui fort à la majorité numérique
Outre l’encadrement des cellulaires, l’idée d’instaurer une majorité numérique, soit un âge minimal requis pour accéder aux réseaux sociaux, fait consensus. Dans la région du Grand-Portage, 95 % des enseignants se disent favorables à cette mesure, tandis que du côté de la Côte-du-Sud, 85 % des répondants soutiennent cette initiative.
Les enseignants estiment que cet âge devrait être fixé entre 15 et 16 ans. Plus précisément, 40 % des répondants du Grand-Portage privilégient 16 ans, tandis que 36 % optent pour 15 ans. Du côté de la Côte-du-Sud, 77 % des enseignants s’accordent également sur cette fourchette d’âge.
« L’école doit certes transmettre la compétence numérique dans une perspective équilibrée, mais un mauvais usage des outils comporte certains risques qu’il est impératif de minimiser », souligne Nancy Gauvin, présidente du Syndicat de l’enseignement de la Côte-du-Sud. Elle rappelle que l’exposition prolongée aux écrans et les dérives liées aux réseaux sociaux préoccupent particulièrement le personnel enseignant.
Cellulaire personnel ou outil pédagogique ?
Si l’utilisation d’outils numériques à l’école n’est pas remise en question, une distinction est faite entre les appareils personnels des élèves et ceux paramétrés par l’école. « Un outil numérique fourni par l’établissement permet un accès contrôlé à des ressources pédagogiques variées, sans les distractions associées aux téléphones intelligents », explique Natacha Blanchet, présidente du Syndicat de l’enseignement du Grand-Portage.
Pour les enseignants consultés, l’accès libre aux cellulaires en classe nuit à l’apprentissage et complique la gestion scolaire. « Il est clair qu’en écartant les cellulaires des écoles, les profs souhaitent voir une plus grande implication des élèves dans la vie scolaire. Ils nous disent également qu’ils ne veulent plus avoir à gérer les nombreuses distractions créées par ces appareils. »
Un rapport soumis à la Commission spéciale
Fortes de ces nouvelles données, les deux organisations syndicales entendent transmettre leur rapport mis à jour à la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de l’offensive professionnelle et pédagogique entreprise par la FSE-CSQ au printemps 2024, qui vise à améliorer les conditions d’enseignement au-delà des négociations conventionnelles.
Le Syndicat de l’enseignement du Grand-Portage représente environ 1200 enseignants des centres de services scolaires de Kamouraska–Rivière-du-Loup et du Fleuve-et-des-Lacs, incluant les niveaux préscolaire, primaire, secondaire, formation professionnelle et générale aux adultes. De son côté, le Syndicat de l’enseignement de la Côte-du-Sud représente aussi un large effectif d’enseignants du Bas-Saint-Laurent et de Chaudière-Appalaches.
Ces consultations démontrent que les enseignants du Bas-Saint-Laurent sont unanimes sur la nécessité d’un encadrement plus strict des cellulaires et des réseaux sociaux dans les écoles, afin de favoriser un environnement propice aux apprentissages.
