L’Association des hebdos du Québec, qui regroupe 136 publications, se dit prise en otage par le syndicat de Postes Canada. En marge de leur assemblée générale annuelle, l’organisation étudie la possibilité d’entreprendre un recours collectif contre l’entité pour les pertes et dommages subis durant la grève de novembre à décembre 2024, la menace de mai et les différents moyens de pression.
La dernière mesure en lice, l’arrêt de la distribution des circulaires publicitaires, qui a pour effet de priver les lecteurs de plusieurs hebdos de leur journal. « Cela engendre des coûts énormes et des pertes de revenus. La goutte qui fait déborder le vase c’est la décision de mettre les hebdos régionaux dans le même panier que les circulaires en nous bannissant, autrement dit, en refusant de livrer ce type de colis. C’est épouvantable de nous mettre dans la même catégorie que les circulaires », explique le directeur général du Placoteux, Louis Turbide.
« C’est un scandale ! Le syndicat n’a pas d’allure dans cette histoire, il nous considère comme des circulaires », mentionnait récemment au quotidien La Presse Benoit Chartier, président du conseil d’administration d’Hebdos Québec.
En novembre 2024, lors du déclenchement de la grève, le réseau de distribution des hebdos avait dû être réorganisé rapidement, raison pour laquelle Le Placoteux, comme plusieurs autres, avait dû être distribué dans des points de chute, ce qui est toujours le cas.
Changements majeurs à Postes Canada
Cette situation survient au moment même où le ministre des Services publics et de l’Approvisionnement du Canada, Joël Lightbound, annonce des changements majeurs à Postes Canada. Pour retrouver la rentabilité, l’organisation devra mettre fin à la livraison à domicile au profit de boîtes communautaires, méthode qu’utilisent déjà 77 % des clients, selon le ministre.
« C’est le cas dans notre région, où la majorité des gens utilisent déjà les boîtes communautaires. Si l’uniformisation de cette façon de faire leur permet de redresser leur situation, ce sera bien », commente M. Turbide, qui s’inquiète toutefois de la possible fermeture de bureaux de poste dans notre région.
Ainsi, Postes Canada n’aura plus l’obligation de livrer le courrier cinq jours par semaine, ce qui, selon le ministre, permettra d’ajuster les activités selon le volume. « Depuis 2018, Postes Canada a accumulé des pertes de plus de 5 milliards $. Aujourd’hui, les pertes se chiffrent à 10 millions de dollars à tous les jours. Bref, Postes Canada est à toutes fins utiles insolvable, et fait face à une crise existentielle », note le ministre Lightbound, ajoutant que le ménage moyen au Canada reçoit seulement deux lettres par semaine, mais les services sont encore conçus comme si on en recevait des dizaines.
« Il y a 20 ans, Postes Canada livrait 5,5 milliards de lettres par année. Aujourd’hui, c’est 2 milliards. Pendant ce temps-là, le nombre de foyers a continué de croître et le résultat, c’est qu’on livre beaucoup moins de courrier à beaucoup plus d’adresses, et les coûts, eux, sont restés élevés. Postes Canada devra assouplir ses normes de livraison », conclut le ministre.


