Les préfets des MRC de Montmagny, de L’Islet et de Kamouraska ont conjointement exprimé leur profonde indignation face à l’absence persistante de résolution du conflit entre le Syndicat des producteurs de bois de la Côte-du-Sud et l’Association des propriétaires de boisés privés des Appalaches (APBPA). Compte tenu des enjeux, Frédéric Jean, Normand Caron et Sylvain Roy demandent un moratoire sur la décision, et l’ouverture immédiate des sentiers de motoneige.
En onze mois, ce conflit a causé neuf semaines de pertes cumulées pour l’industrie touristique et les commerces locaux. « Nous exigeons que les parties concernées reviennent à la table de négociation sans délai, et qu’elles trouvent une entente qui permettra de rétablir rapidement la libre circulation sur les sentiers de motoneige, et de minimiser les dommages économiques déjà causés. Cette impasse, qui perdure depuis trop longtemps, a des conséquences dévastatrices sur nos économies locales et sur la qualité de vie de nos collectivités », mentionne Frédéric Jean, préfet de la MRC de Montmagny.
Plusieurs entreprises locales ont déjà été forcées de fermer leurs portes, faute de clients, en raison de la fermeture partielle de pistes de motoneige stratégiques, comme le sentier 55. C’est notamment le cas de Chalet Villégiature et Pourvoirie Daaquam, située à Saint-Just-de-Bretenières, et appartenant à l’homme d’affaires Max Vital.
Ce dernier a en effet annoncé le 22 janvier la fermeture prochaine de son établissement. « Après 32 ans de passion et de dévouement, l’entreprise cessera ses activités le 31 mars prochain. Cette décision difficile résulte, entre autres, de la prise en otage des sentiers de motoneige par certains propriétaires de l’Association forestière, pour la deuxième fois en moins d’un an », a-t-il écrit sur sa page Facebook.
Rest’O Rang chez TSP Évasion de Saint-Pamphile a également annoncé la cessation prochaine de ses activités. « Ce conflit, qui oppose deux parties, place injustement nos entreprises et notre population en otage. Nous observons, impuissants, des fermetures d’entreprises qui constituent le poumon économique de nos communautés. C’est aussi l’ensemble de la population qui voit son accès à des services essentiels fragilisé », ajoute Normand Caron, préfet de la MRC de L’Islet.
La Chambre de commerce et d’industrie de la MRC de Montmagny (CCIM) exprimait récemment son profond mécontentement face à la fermeture partielle du sentier 55 en provenance de la Beauce. « Cette fermeture a de graves répercussions sur l’économie locale, notamment pour les membres situés au sud de la MRC, qui dépendaient à 70 % des clients provenant de ce sentier », a dit Alexandra Lemieux, présidente de l’organisme.
Les préfets rappellent que malgré leur appel initial à une négociation rapide et à une résolution immédiate du conflit, aucune avancée significative n’a été réalisée. « Nous demandons à messieurs Pierre Lemieux et Raynald Nadeau de se réunir d’urgence pour négocier, afin de résoudre ce conflit et stopper l’hémorragie des fermetures d’entreprises. Le temps presse. Il est temps d’agir dans l’intérêt supérieur des communautés et des entrepreneurs touchés, qui ne peuvent plus continuer de subir les contrecoups de cette mésentente. »
Max Vital en rajoute en déplorant l’attitude des présidents des deux organismes concernés, et en demandant leur démission. « Raynald Nadeau, président de l’APBPA, a démontré un grave manque de clairvoyance et de leadership, puisque sa gestion de cette situation a non seulement nui aux commerçants locaux, mais aussi nui à sa cause en faisant réaliser aux citoyens avisés les graves conséquences pour les commerces locaux essentiels pour notre région. Quant à Pierre Lemieux, président du SPBCS, ses manœuvres douteuses, et son refus d’écouter et de prendre en compte une partie significative de ses membres exacerbent les tensions, et créent un climat de stress injustifié pour beaucoup. »
« Nous avons affaire ici à une situation injustifiée et difficile à accepter pour nos entreprises locales. Nos entreprises de services ont eu assez, dans les dernières années, d’épines dans les pieds : la COVID, l’augmentation des salaires, la pénurie de main-d’œuvre, la hausse des taux d’intérêt, et j’en passe. Si, en plus de tout cela, on doit leur demander d’accepter qu’une importante partie de leur clientèle soit bloquée de leur accès, pour un conflit qui ne les touche pas, la CCIM ne peut accepter cela. Nos membres non plus, d’ailleurs », plaide Mme Lemieux.
Même s’il y a une offre sur la table de l’Association des propriétaires de boisés privés des Appalaches, il ne serait pas encore question de débloquer les sentiers. « Si nous continuons de crier à l’injustice, nous perdrons des droits de passage de façon permanente! Voilà le courage du président Raynald Nadeau et de certains membres de l’APBPA », conclut Max Vidal.
