Le conflit actuel entre le Syndicat des producteurs de bois de la Côte-du-Sud (SPBCS) et l’Association des propriétaires de boisés privés des Appalaches (APBPA) découle principalement d’une décision, en juillet 2024, permettant la création d’une agence de vente exclusive pour le bois de sciage et de déroulage en Côte-du-Sud.
Cette initiative, approuvée par la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ), origine du SPBCS. Elle vise à centraliser la mise en marché de ces types de bois, afin d’assurer une meilleure régulation des prix et une distribution équitable des ressources.
Cependant, cette centralisation a suscité, en réaction, la création de l’APBPA. Cette dernière estime que l’exclusivité accordée au Syndicat crée une concurrence déloyale, et limite leur capacité à commercialiser leur bois de manière indépendante. En signe de protestation, certains propriétaires forestiers adhérant à l’APBPA ont révoqué les droits de passage accordés aux clubs de motoneige sur leurs terres, ce qui perturbe actuellement la saison de motoneige en Côte-du-Sud.
Les solutions
Les représentants de l’APBPA et de divers groupements forestiers ont présenté le 28 janvier à Montmagny un modèle de convention d’achat visant à moderniser la mise en marché du bois en Côte-du-Sud. Cette proposition viserait à éviter un litige majeur lié à la décision de la RMAAQ, qui accordera dès le 1er février un monopole de mise en marché au SPBCS.
Les initiateurs de cette convention espèrent qu’elle pourra rallier tous les acteurs du secteur, y compris le SPBCS, en s’inspirant du modèle en vigueur au Bas-Saint-Laurent, qui maintient une mise en marché volontaire et assure une flexibilité aux propriétaires forestiers.
Selon les promoteurs de la convention, cette approche permettrait aux propriétaires de maximiser leurs revenus en conservant la liberté de choisir leurs acheteurs, transporteurs et conditions de livraison.
« Notre solution s’inspire de l’entente homologuée sur le territoire du Syndicat des producteurs forestiers du Bas-Saint-Laurent, et permet de maintenir notre modèle de mise en marché volontaire, qui garantit aux propriétaires une souplesse et un revenu maximal pour leur bois », a fait valoir le président du Groupement forestier Montmagny-L’Islet, Hugo Matte.
Raynald Nadeau, président de l’APBPA, souligne que cela éviterait les pertes financières liées au calendrier rigide de 30 jours imposé par le syndicat, garantissant ainsi un prix optimal pour la qualité du bois livré rapidement aux moulins. Il insiste sur le fait que cette solution permettrait également d’éviter des investissements inutiles dans un système informatique coûteux, les industriels étant déjà bien organisés pour effectuer cette gestion.
Cette proposition a également reçu le soutien d’associations provinciales, qui y voient un modèle applicable à d’autres régions du Québec. « Je salue le travail des propriétaires de la Côte-du-Sud qui en sont venus à une solution permettant de moderniser concrètement la mise en marché des bois. Il n’y a pas de doute dans mon esprit que cette solution pourra être une source d’inspiration dans d’autres régions, notamment dans le sud du Québec, où la décision de la Régie met aussi en péril le modèle d’affaires des groupements forestiers », a déclaré le président de Groupements forestiers Québec, Rénald Bernier.