Horizon-Nature Bas-Saint-Laurent et plusieurs autres partenaires accentuent la sensibilisation auprès des propriétaires privés de lots boisés, considérés comme des acteurs d’importance dans la connectivité écologique du territoire. Un webinaire tenu récemment et de nouveaux outils informatifs ont été développés afin de bien les accompagner.
La connectivité écologique des écosystèmes est un enjeu de première importance dans le contexte des changements climatiques. Avec le réchauffement anticipé du climat, il est prévu que plusieurs espèces fauniques migreront vers le nord afin de retrouver le plus possible les conditions climatiques auxquelles elles étaient habituées.
Dans l’Est-du-Québec, qui inclut le Bas-Saint-Laurent, on travaille depuis 2013 la zone de liaison des Trois frontières, qui comprend les parties les plus septentrionales de l’État du Maine aux États-Unis, les Appalaches du nord au sud-ouest, ainsi que les importantes forêts de la péninsule gaspésienne et de l’est du Nouveau-Brunswick. Ce projet implique la création de corridors écologiques se connectant entre eux, donc exempts d’obstacles à la migration. Ainsi ont été développés 31 passages fauniques sur une quarantaine de kilomètres sur les nouveaux segments de l’autoroute 85 en construction entre Rivière-du-Loup et le Témiscouata.
« Plusieurs espèces vont trouver refuge au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie dans le futur en raison des changements climatiques. Et comme le fleuve représente un obstacle majeur, il sera impossible pour elles de migrer davantage vers le nord. Il faut être en mesure de faciliter leur circulation », explique Ariane Breault, chargée de projet chez Horizon-Nature Bas-Saint-Laurent.
Parmi ces espèces pour qui il faut faciliter les déplacements au Bas-Saint-Laurent, il y a entre autres les ours, les lynx, les originaux, les chevreuils, mais également les oiseaux forestiers, souvent oubliés, rappelle Ariane Breault. Toutes n’évoluent pas nécessairement au sein de corridors similaires, ce qui implique une matrice paysagère variée pour bien répondre à ces grandes migrations ou ces déplacements quotidiens.
« Il y a des espèces de milieux ouverts, des endroits composés principalement de plantes, d’autres de milieux de lisière, les zones tampons entre champ et forêt, et celles des milieux intérieurs, des forêts denses et étendues, qui sont souvent les plus concernées », contextualise la chargée de projet.
Plus les forêts sont coupées en profondeur et plus les habitats des espèces des milieux intérieurs sont fragilisés, en raison d’une plus forte pénétration de la lumière, du vent et la présence d’une prédation parfois plus féroce. La connectivité écologique devient donc primordiale pour ces espèces afin de faciliter non seulement leur déplacement, mais leur cycle de vie en général, ce qui inclut la nourriture et la reproduction.
Dans tous les cas, les propriétaires de lots boisés deviennent des alliés indispensables, poursuit Ariane Breault. Au Bas-Saint-Laurent principalement, ceux-ci représentent 50 % du territoire forestier. Horizon-Nature Bas-Saint-Laurent spécialise ses interventions auprès d’eux depuis la création de l’organisation en 2016, alors que le Conseil régional de l’environnement du Bas-Saint-Laurent (CREBSL) se consacre essentiellement au territoire public.
« Ces propriétaires fonciers ont à cœur le maintien du couvert forestier et ils exploitent souvent leur lot de façon responsable. Notre travail est de maintenir un lien de confiance avec eux, tout en s’alliant avec d’autres partenaires comme les groupements forestiers, les organismes de bassins versants ou les agences forestières, pour les sensibiliser à la question de la protection de la biodiversité et de la fragmentation du territoire dans le souhait d’encourager une bonne connectivité écologique. »
Dans le cadre de l’Initiative québécoise de corridors écologiques pilotée par Conservation de la Nature Canada, un site internet, connectiviteecologique.com, a été développé afin de fournir de l’information et illustrer les différents projets de connectivité écologique dans le région. Ce dernier rassemble une foule d’informations et de vidéos sur le sujet. Horizon-Nature Bas-Saint-Laurent est du nombre des dix organisations provenant de 11 régions différentes qui ont travaillé à sa réalisation. Son lancement a été effectué en avril dernier lors d’un webinaire. La réceptivité des acteurs liés aux territoires forestiers privés face à cet outil serait très positive jusqu’à maintenant. Une activité régionale en présentiel avec des intervenants bas-laurentiens est prévue le 9 juin prochain, toujours dans l’optique de poursuivre cette sensibilisation, mais cette fois sur le terrain.
Pour en savoir davantage sur les corridors écologiques, regardez cette vidéo de présentation sur le site YouTube.