L’Union européenne ayant été exclue par les États-Unis des négociations de paix pour la guerre opposant l’Ukraine à la Russie, tout comme l’a été le président ukrainien Volodymyr Zelensky, plusieurs observateurs de la scène géopolitique estiment que l’Europe est à la croisée des chemins, et qu’elle risque même d’éclater.
C’est notamment le cas de Benjamin Tremblay du média indépendant 7 jours sur Terre, qui a passé la majeure partie de sa vie dans la région du Kamouraska. Celui-ci rayonne présentement avec ses analyses géopolitiques percutantes dans l’entièreté de la francophonie, avec plus de 20 millions de visionnements.
Lors de la récente Conférence de sécurité de Munich, le vice-président états-unien JD Vance a tenu un discours qui a vivement fait réagir les dirigeants européens. Selon lui, la principale menace pesant sur la démocratie en Europe ne provient pas de puissances extérieures comme la Russie ou la Chine, mais bien de dynamiques internes. Il a ainsi dénoncé les politiques européennes en matière de liberté d’expression, accusant certains gouvernements de restreindre les discours et d’entraver les libertés religieuses. Le vice-président a même rendu visite à Alice Weidel, la cheffe du parti d’extrême droite allemand AfD, une formation politique souhaitant le retrait de l’Allemagne de l’Union européenne.
« Oui, l’Union européenne risque l’éclatement, et elle doit réagir, car manifestement, elle est exclue du processus de paix. Elle ne pourra d’ailleurs plus compter sur la protection militaire des Américains. Soit l’Union européenne survit en changeant drastiquement ses politiques, avec une vision commune plus efficace en mettant de l’avant un nouveau leadership, soit on assistera au retour de l’Europe des nations, où d’autres alliances entre pays pourraient voir le jour. Mais une chose est certaine, on est à un carrefour », affirme Benjamin Tremblay au Placoteux lors d’un entretien téléphonique.
Confrontés à leur exclusion des récentes négociations entre Washington et Moscou sur la guerre en Ukraine, les dirigeants européens ont redoublé d’efforts pour renforcer l’autonomie stratégique du continent. À l’initiative du président français Emmanuel Macron, un sommet d’urgence s’est tenu à Paris, réunissant plusieurs chefs d’États européens afin d’évaluer la situation et de coordonner une réponse en matière de défense collective.
Lors de cette réunion, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a insisté sur l’urgence de renforcer les capacités militaires de l’Europe face aux menaces russes. Dans cette optique, des voix se sont élevées en faveur d’une augmentation des dépenses militaires, et d’une éventuelle présence de troupes européennes en Ukraine. De son côté, le président Zelensky a catégoriquement rejeté les conclusions des négociations de paix, dénonçant l’absence de son pays à la table.
« L’Europe devra se redéfinir, et devenir plus autonome des États-Unis. Elle devra également regarder du côté de la Russie, qui est beaucoup plus européenne qu’asiatique », ajoute-t-il.
Le Canada et le Québec
Benjamin Tremblay ne croit pas à la volonté de Donald Trump d’annexer le Canada pour en faire le 51e État des États-Unis. Il juge qu’il s’agit davantage de la manière de négocier du président, qualifiant même ce dernier de « transactionnaliste » tout en affirmant qu’une démarche sérieuse parlerait plutôt de cinq ou six nouveaux États. « Chaque échange, chaque relation, chaque interaction seront catégorisés en fonction de ce qu’ils rapportent directement ou indirectement aux États-Unis. Cependant, ne serait-ce pas la destinée des Anglo-Saxons du continent d’être unis dans un seul pays ? », s’interroge-t-il.
Il estime en contrepartie que les circonstances actuelles sont une occasion pour le Canada et le Québec de se redéfinir. « Soyons honnêtes, le pays est dysfonctionnel. Je pense que pour le Canada, tous les scénarios sont sur la table pour une refonte du pays. Maintenant, pour le Québec, c’est la même chose. Le statu quo n’est plus la voie à suivre, et plusieurs options se présentent à nous, ce qui n’exclut pas l’indépendance du Québec, ou bien l’ajout du Québec aux États-Unis en ayant beaucoup plus d’autonomie et de pouvoir qu’actuellement, ou tout simplement la réorganisation du Canada avec une nouvelle entente constitutionnelle moins centralisée, en dotant le pays de nouveaux alliés stratégiques », ajoute M. Tremblay avant de conclure : « N’oubliez pas cette règle d’or en géopolitique, les pays défendent toujours en premier lieu leurs intérêts ».