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Lieu de mémoire, le village disparu de la rivière Manie

Le village de Rivière Manie dans les années 1930. Crédit photo : Archives de la Côte-du-Sud.

On ne sait pas d’où vient ce nom de Manie donné à une rivière qui s’étire du sud au nord à partir du lac Manie au centre de la MRC de Kamouraska.

Ce toponyme apparaît sur les cartes géographiques vers 1918. Depuis une centaine d’années, il est associé à un village forestier qui aujourd’hui est complètement disparu.

Le village de Rivière Manie a marqué l’histoire de la municipalité de Saint-Bruno.

En 1912, William Power perçoit le potentiel forestier de cette partie du territoire du canton Woodbridge. À la tête de Rivière-Ouelle Pulp Lumber, il fait ériger un important moulin à scie sur les lots 34 et 35. Celui-ci est la proie des flammes en 1917. En dépit de sa reconstruction, la compagnie ne parvient pas à se relever et elle est absorbée par la Power Lumber en 1920.

Profitant de la proximité du chemin de fer Transcontinental, la Power Lumber est à l’origine de la formation d’un petit village. Les employés habitent dans des maisons fournies par la compagnie, louées chacune cinq dollars par mois, et graduellement une communauté prend forme. En 1922, on y compte 200 personnes, une vingtaine de résidences, un magasin général, bureau de poste et une petite chapelle-école construite en 1925. Voyant la croissance de cette communauté, la municipalité de Saint-Bruno accepte d’y construire une école en 1928.

Mais la Crise de 1929 vient assombrir l’économie de ce village. La Power Lumber met fin à ses activités. Certaines entreprises comme celle de Napoléon Gagnon et fils réussissent pour un temps à reprendre les opérations de sciage. En 1938, cette compagnie emploie 57 ouvriers temporaires l’été et 240  durant deux mois et demi l’hiver. Sensible aux fluctuations du marché du bois, Napoléon Gagnon ferme ses installations et décide de concentrer ses activités à Tourville. Les habitants devront plier bagage et le village de Rivière Manie sera abandonné. Aujourd’hui, les armoiries de la municipalité de Saint-Bruno rappellent l’existence de ce village par la représentation d’un brûleur à bois en forme de tour appelé « L’enfer. »