L’ITAQ en renfort : La Ferme-école Lapokita rongée par les dettes

Julie Gagnon, vice-présidente, et Simon Beaulieu, président du conseil d’administration de la Ferme-école Lapokita. Photo : Maxime Paradis

L’étau financier se resserre autour de la Ferme-école Lapokita, lieu d’apprentissage pratique des étudiants de l’ITAQ à La Pocatière. Sous-financée par le MAPAQ depuis plusieurs années, de l’avis du conseil d’administration, l’ITAQ se propose aujourd’hui en renfort, mais cela vient avec des conditions.

La Ferme-école Lapokita tenait son assemblée générale annuelle le 11 octobre devant ses membres et dévoilait un déficit d’exploitation de près de 30 000 $. La dette à court terme s’élève quant à elle à un peu plus de 1,2 M$. Avec l’augmentation appréhendée des taux d’intérêt, le conseil d’administration ne voit pas comment redresser la situation financière de l’organisme sans une injection importante en capital. « La dette n’a pratiquement pas bougé depuis cinq ans, on vire dans notre argent. Mais quand tu ne génères pas de revenus, c’est difficile à rembourser », indique le président Simon Beaulieu.

Outre l’exploitation des troupeaux laitiers, qui est rentable, la Ferme-école Lapokita gruge de l’argent. Sous l’ITA, elle était financée directement par le MAPAQ, un budget annuel autour de 475 000 $ qui stagnait depuis plusieurs années. En parallèle, les frais d’exploitation n’ont pas diminué, notamment les salaires qui ont fait un bond important cette année et qui doivent de nouveau augmenter, un rattrapage salarial jugé nécessaire par le président. « Nous n’étions plus compétitifs par rapport aux autres fermes de la région », dit-il.

Nouveau partenariat

La Ferme-école Lapokita estime donc qu’elle aurait besoin d’environ 100 000 $ de plus par année pour faire face à ses différentes obligations. L’ITAQ, qui fournit désormais le financement, ne s’est pas engagée à donner davantage, de l’avis du conseil d’administration de la Ferme-école. Une avance qui correspond à 80 % du financement offert l’an dernier a toute de même été versée, confirme le président.

« Ce qu’on comprend, c’est que les investissements sur la ferme seront faits par l’ITAQ et qu’elle s’occupera désormais de l’entretien », poursuit-il, précisant du même coup qu’un nouveau cadre de gestion avec les responsabilités de chacun reste encore à définir.

Pour l’ITAQ, l’orientation semble pourtant plus claire : il veut avoir davantage son mot à dire dans la gestion générale de l’organisme. La maison d’enseignement a en ce sens procédé à la nomination d’un gestionnaire de ferme qui prend en quelque sorte la place de l’ancien directeur général, qui relevait à l’époque du conseil d’administration de la Ferme-école. Son rôle est de s’assurer de la gestion financière et des opérations de la ferme, en plus de veiller à l’application des orientations de l’ITAQ en matière de pédagogie.

« Il y a beaucoup d’avantages à ce partenariat, car on vient décharger l’organisme du souci financier, tout en permettant à l’ITAQ de prendre ses responsabilités vis-à-vis de la Ferme-école. En contrepartie, ça vient aussi avec l’acceptation que le conseil d’administration doit laisser aller quelque chose (direction générale) pour permettre à l’ITAQ de jouer son plein rôle, entre autres avec les étudiants, mais aussi en recherche appliquée », a déclaré Aisha Issa, directrice générale de l’ITAQ.

Ce nouveau tango entre l’institution d’enseignement collégial et l’OBNL ne serait toutefois pas nécessaire si l’ITAQ intégrait tout simplement la Ferme-école Lapokita à son organisation. Aisha Issa reconnaît que le nouveau statut de l’ITAQ le permettrait, mais que le modèle de l’OBNL pour la ferme permet plus d’agilité et un meilleur lien avec le milieu par le biais du conseil d’administration.

« Là, on en est dans l’actualisation de la ferme (investissements en immobilisation), et reste à définir le modèle de collaboration avec la gouvernance en place. S’il y a des besoins financiers ou un redressement à faire, il faudra que ça se fasse avec les partenaires (conseil d’administration). Une agriculture sans ramifications, ça n’existe pas », a conclu Aisha Issa.

À lire : De grandes ambitions pour l’ITAQ, sur fond de baisse d’étudiants