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L’ITAQ garde le cap malgré la pression financière

Karine Mercier. Photo : Courtoisie

L’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ), avec ses campus de Saint-Hyacinthe et de La Pocatière, avance ses chantiers de modernisation tout en jonglant avec une réalité budgétaire serrée. Bien que les finances demeurent stables, la direction reconnaît une pression croissante liée à la hausse des coûts de la vie et des salaires dans le secteur public.

Créé en 2021, l’ITAQ dispose d’une enveloppe de 140 millions $ allouée par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) dans le cadre du Plan québécois des infrastructures (PQI). Cette somme doit permettre la modernisation des campus de La Pocatière et de Saint-Hyacinthe. « Depuis 2021, on en a consommé une partie, il reste environ 130 millions $ pour la période 2025-2035, explique au Placoteux la directrice générale Karine Mercier. Nous avons déjà refait plusieurs bâtiments extérieurs, des serres, des salles de bain et des tunnels froids. »

Les projets à venir sont encore nombreux : rénovation de la vacherie selon les normes de stabulation libre, réaménagement du centre équestre, et mise à niveau des serres pédagogiques.

Une vacherie neuve et un centre équestre repensé

Le projet le plus avancé concerne la construction d’une nouvelle vacherie à La Pocatière, essentielle pour répondre aux exigences du Conseil canadien de protection des animaux. « Notre vacherie actuelle date d’une autre époque. Nous devons moderniser nos installations pour offrir de meilleures conditions de bien-être animal », précise Mme Mercier.

Les travaux devraient débuter à l’été 2026 et s’étaler sur 18 mois, pour un coût estimé entre 11 et 12 millions $. Toujours à La Pocatière, le centre équestre suivra, avec des box agrandis, un nouveau manège, une maréchalerie, et une révision complète des installations. L’ITAQ veut aussi repenser la gestion du cheptel et la formation équine. « Le centre équestre, on est encore dans les premières étapes. On n’a pas fait de plan fonctionnel technique. On est vraiment à dire : qu’est-ce qu’on veut, qu’est-ce qu’on fait, où on s’installe, c’est quoi les besoins pédagogiques, comment est-ce qu’on va développer le secteur équestre ? », ajoute-t-elle.

Des budgets sous tension

Si les finances demeurent saines, la directrice générale reconnaît que les pressions salariales et les coûts de fonctionnement représentent un défi majeur. « On n’est pas en déficit, mais c’est une année difficile. Les augmentations salariales qu’on doit verser dans le cadre des nouvelles conventions collectives doivent être absorbées à même nos budgets. On n’a pas plus d’argent, mais tout coûte plus cher », résume-t-elle.

Pour y faire face, l’institution applique une discipline budgétaire stricte : réduction des heures supplémentaire, resserrement des dépenses, et priorisation des projets essentiels. « Il faut faire preuve d’ingéniosité, et utiliser chaque dollar de façon intelligente », souligne Mme Mercier.

Cette dernière anticipe néanmoins que les estimations initiales du PQI, basées sur les coûts de 2019, devront être révisées d’ici 2030. « Les coûts de construction ne sont plus les mêmes qu’en 2019. Si on veut mener à bien tous les projets prévus, il faudra probablement redemander un appui supplémentaire au gouvernement. »

Admissions stables, mais contraintes

L’ITAQ accueille environ 700 étudiants sur ses deux campus, dont un peu plus de 200 à La Pocatière.
Cependant, la direction a volontairement réduit le nombre d’admissions en technique équine, passant de 30 à 17 étudiants cette année, en raison d’un cheptel limité. Le programme Technologie des procédés et qualité des aliments (TPQA) n’a quant à lui pas ouvert de cohorte internationale cet automne, les permis d’études ayant été difficiles à obtenir.

Modernisation technologique et virage numérique

L’ITAQ mise aussi sur l’innovation. Ses fermes-écoles de La Pocatière et de Saint-Hyacinthe testent de nouvelles pratiques comme les semis intercalaires par drone. Les programmes sont révisés pour intégrer les technologies de pointe, y compris l’intelligence artificielle. « L’IA fait maintenant partie de nos réflexions et de nos cours, notamment en techniques de production animale. Nos futurs conseillers agricoles devront apprendre à l’utiliser de façon responsable et stratégique », raconte Mme Mercier.

Malgré la prudence financière, la directrice générale demeure optimiste. « L’ITAQ est solide. On sent un regain d’intérêt pour les métiers agricoles et agroalimentaires. Oui, il y a de la pression, mais aussi beaucoup d’énergie et de passion. On a le vent dans les voiles », conclut-elle.