À la prestigieuse galerie Ozu de Tokyo, par les temps qui courent, il y a un peu de nous autres. Lucie Fauteux, de La Pocatière, y expose deux œuvres de calligraphie japonaise dans le cadre d’une exposition collective rassemblant une vingtaine d’artistes. Une reconnaissance marquante pour celle qui perfectionne son art depuis plus de sept ans.
« C’était une journée inoubliable, très protocolaire, mais aussi pleine d’émotion », explique Lucie, rejointe au Japon alors qu’elle roulait dans un train à grande vitesse filant à 300 km/h. La veille, elle était au vernissage de l’exposition, où se côtoyaient artistes, dignitaires japonais et canadiens.
La calligraphie japonaise, ou shodo, occupe une place fondamentale dans la culture nippone. Sa reconnaissance a d’ailleurs pris une dimension historique lors de la cérémonie. « L’ambassadeur nous a annoncé que la calligraphie japonaise allait être ajoutée au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. On avait les larmes aux yeux », raconte-t-elle avec émotion.
Lucie Fauteux a commencé sa formation à Montréal avant de la poursuivre avec une grande maîtresse japonaise, Shoho Teramoto, rencontrée à Québec. Les cours, qui se tiennent à distance toutes les deux semaines, rassemblent des élèves d’ici et du Japon.
Fusion culturelle
Les œuvres de Lucie Fauteux présentées à Tokyo témoignent de cette rencontre culturelle. L’une d’elles, présentée sous la forme d’un petit éventail fait d’un assemblage de différents papiers japonais, marie le poème d’une autrice québécoise avec le mot japonais komorebi, qui désigne la lumière qui filtre à travers les feuilles d’une forêt. L’autre, de grand format, évoque sa traversée de l’Atlantique, avec les mots umi no ibuki, qui signifient le souffle de l’océan.
Les Japonais ont accueilli l’exposition avec beaucoup d’enthousiasme. « Eux voient cet art de manière très codifiée. Nous, on en propose une interprétation plus poétique. Ils ont aimé cette liberté, cette imperfection expressive qui les a émus », dit Lucie.
La galerie de Tokyo a permis à chaque artiste de présenter son œuvre lors de la cérémonie. Après les émotions du vernissage, Lucie Fauteux a profité du reste de son voyage pour visiter quelques régions du Japon, en pleine période de floraison des cerisiers.

