M. le maire, Mme la mairesse, M. le préfet : mes respects !

J’ai beaucoup de respect pour les personnes qui sont désignées pour exercer la fonction de maire de village et de préfet de MRC : elles sont les protectrices et défenseures de leur communauté et les premiers à prendre les choses en mains quand une épreuve ou une urgence frappe leur municipalité. On se souvient tous de la mairesse de Lac-Mégantic.

La meilleure définition de leur fonction m’a été donnée un jour par M. Yvon Moreau, feu le père du nouveau maire de Saint-Germain-de-Kamouraska, Roger Moreau : « La paroisse, disait-il, c’est comme une grande famille où tout le monde se connaît et tout le monde doit s’entraider. Le maire doit être comme le père qui voit aux besoins de cette grande famille et de chacun de ses membres : il n’est pas là pour favoriser sa gang ».

Il fut un temps pas si loin, malheureusement, où les allégeances politiques du maire supplantaient parfois son rôle de père de famille au profit du patronage et du marchandage de votes dont se souviennent bien ceux qui ont connu Duplessis. Mais on n’en est plus là, Dieu merci.

Comme je le soulignais dans ma chronique précédente, les enjeux liés à la qualité de l’environnement et de l’aménagement du territoire municipal sont désormais une priorité. Le ministère des Affaires municipales a justement entrepris une vaste révision des orientations en matière d’urbanisme et d’aménagement dont le but est d’assurer une meilleure occupation du territoire que nous habitons, une intégration des nouvelles tendances à la décentralisation et au retour des urbains en campagne, un développement résidentiel, touristique, agricole, industriel qui ne compromette pas la qualité de nos vies et la pérennité de la nature qui nous entoure. C’est un vaste programme et un changement important de mentalité.

Je soulignais également qu’il était temps de permettre aux citoyens de participer davantage à la vie démocratique, en leur donnant accès à plus d’information, de consultation et de délibération. À ce chapitre, j’ajouterais qu’une restructuration des 17 municipalités qui forment la MRC du Kamouraska s’impose de plus en plus. La plupart d’entre elles comptent désormais trop peu d’habitants, et donc de taxes, pour assumer elles-mêmes la gestion et la livraison des services. Elles doivent recourir à des régies municipales de services ou au personnel de la MRC pour le faire, mais ceux-ci sont des fonctionnaires non élus qui dépensent nos taxes, mais n’ont pas de rapports directs avec nous ni de comptes à nous rendre — et ils en rendent très peu effectivement. Une telle situation n’est pas saine pour la démocratie. Les instances élues doivent correspondre aux territoires réels de référence et d’appartenance des citoyens. Les citoyens de Saint-Germain, par exemple, qui ne sont que 280 et ne disposent d’aucun service, même pas d’une école primaire, se déplacent constamment à Saint-Pascal ou même La Pocatière et Rivière-du-Loup, qui sont pour eux les véritables centres de services de référence.

Ce réaménagement des structures territoriales a déjà été fait dans plusieurs réseaux : les paroisses, les caisses populaires, les chambres de commerce. La paroisse et la fabrique de Saint-Germain viennent d’être dissoutes et fusionnées avec Saint-Pascal, mais Saint-Germain demeure. La disparition du conseil municipal ne signifie pas davantage la fin du village : chaque communauté villageoise pourrait très bien élire annuellement son conseil citoyen pour gérer les équipements collectifs locaux, animer la vie communautaire locale, élire un représentant au conseil municipal central et accueillir un certain nombre d’infrastructures locales communes qui seraient ainsi réparties sur le territoire de la plus grande municipalité. Il est éminemment souhaitable également que cette réorganisation territoriale soit élaborée et proposée par les élus locaux plutôt qu’imposée d’en haut par l’État. Il appartient donc aux nouveaux maires, en tant que conseillers de la MRC, d’initier cette délibération pour normaliser et revitaliser la vie démocratique.

Une telle opération bien comprise n’a rien d’une centralisation abusive : elle vise simplement à ce que les décisions se prennent par les élus et les citoyens, là où les services sont dispensés, selon leurs territoires de référence et d’appartenance réels.