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Mai maudit pour les agriculteurs du Bas-Saint-Laurent

Les fortes pluies de mai ont causé bien des maux de tête aux agriculteurs. Photo : Zieben, Unsplash

Un mois de mai marqué par des pluies abondantes et imprévisibles a gravement perturbé le travail des agriculteurs du Bas-Saint-Laurent. Certains producteurs ont même été forcés à recommencer leurs semis au complet.

« Ce qu’on a vécu en mai, c’est un cocktail de délais, de sols détrempés, de cultures minées par l’eau, et de prévisions météo aussi fiables qu’un vieux tracteur sans essence », affirme Julie Gagnon, conseillère à la vie syndicale et à la prévention à l’UPA du Bas-Saint-Laurent.

Dans plusieurs secteurs, des champs entiers ont dû être resemés, car l’eau avait fait pourrir les semences en profondeur. « C’est un corridor de pluie. À cinq kilomètres, il peut faire sec, mais chez nous, c’était l’enfer. Les gars n’avaient pas le choix : ils recommençaient tout », raconte Mme Gagnon.

Les conséquences ne se limitent pas à un simple retard de production. Le surplus d’eau rend les sols fragiles, sensibles au compactage, et pourrait avoir des effets sur plusieurs années. « Si on fait des traces profondes une année, on les traîne pour les quatre suivantes. Et pendant ce temps, les cultures, elles, n’attendent pas », prévient-elle.

Adaptation nécessaire

Face à cette instabilité climatique, plusieurs producteurs misent sur l’adaptation. Certains choisissent des cultures plus précoces, ou des hybrides mieux adaptés à des saisons courtes ; d’autres diversifient leurs méthodes avec des cultures en flash, ou des équipements spécialisés pour optimiser les fenêtres de beau temps. « Mais tout ça coûte cher, ça demande de la machinerie, du monde, puis on manque des deux », dit Julie Gagnon, lucide.

Le manque de main-d’œuvre reste une autre épine dans le pied du milieu agricole. « Nos jeunes ne sont plus là pour les gros rushs. Ils étudient et travaillent ailleurs. On a de la misère à former des équipes stables, surtout quand la météo nous force à improviser. »

Pour l’instant, les regards se tournent vers juin, en espérant que le climat se stabilise. « On veut juste un peu de chaleur, un peu de pluie… mais pas trois jours de 30 mm d’un coup », résume Mme Gagnon.

La saison s’annonce courte et intense. Et pour les agriculteurs, la nature a toujours le dernier mot. « On sème, mais c’est elle qui décide si ça pousse. »