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Médecine vétérinaire : Une étude d’opportunité uniquement centrée sur Rimouski

Photo : ITAQ.

L’étude d’opportunité portant sur le Programme décentralisé de formation en médecine vétérinaire (PDFMV) préparée conjointement par l’Université de Montréal (UdeM) et l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) ne s’est pas penchée sur l’analyse d’un autre site comme La Pocatière pour y octroyer la formation. Tout le document repose sur une décentralisation au campus de l’UQAR à Rimouski.

Le Placoteux a obtenu ce document de 123 pages auprès de l’UdeM par le biais de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics, dont les deux tiers correspondent en fait à une revue de presse faisant état de la pénurie de médecins vétérinaires en région. Rappelons que depuis près de deux mois, les élus de Kamouraska-L’Islet réclament de la députée de Côte-du-Sud Marie-Eve Proulx qu’elle leur présente les résultats de cette étude financée à hauteur de 627 946 $ par Québec au cours de l’automne 2020 afin de vérifier si La Pocatière a été considérée pour la décentralisation du PDFMV.

À la lecture du document, il en ressort qu’aucune autre option que Rimouski n’a été étudiée. On peut cependant penser qu’à la lumière des partenariats collégiaux universitaires évoqués dans le document et actuellement en place à Saint-Hyacinthe entre l’ITAQ, le Cégep et la Faculté de médecine vétérinaire, entre autres dans le partage d’infrastructures, un déploiement de cette formation directement à La Pocatière par l’UdeM durant ses trois premières années, sans l’intermédiaire de l’UQAR, aurait certainement été possible moyennant des investissements similaires à ceux annoncés à Rimouski.

Autrement, les 39 pages de l’étude expliquent essentiellement le projet que l’UdeM souhaite voir se réaliser au campus rimouskois de l’UQAR, sur la base qu’il a été observé que la décentralisation des programmes en médecine a assuré au fil des ans une meilleure rétention des médecins en région rurale, ce qu’on souhaite voir se reproduire, mais cette fois avec des médecins vétérinaires. Ainsi le choix de Rimouski semble s’être imposé comme le choix logique de l’UdeM, la ville étant située dans une des régions du Québec (Bas-Saint-Laurent) où la pénurie de médecins vétérinaires est particulièrement criante.

Parmi les autres éléments à la base de l’argumentaire, la recherche d’un « endroit dynamique et hôte d’une institution universitaire afin d’assurer un environnement favorable à l’enseignement du programme » s’ajoute. Le fait que les étudiants au PDFMV puissent prendre part à une réelle vie étudiante sur un campus universitaire est aussi souligné quelques fois dans l’étude.

Investissements et recherche

Au chapitre des infrastructures, on estime que le programme permettra « d’optimiser les infrastructures et les ressources déjà existantes, telles : les services alimentaires, la vie étudiante, les résidences, la bibliothèque et certains locaux techniques tels que des laboratoires de biologie et certaines salles de classe ». Des investissements sont néanmoins nécessaires pour ajouter un centre de simulation vétérinaire, un laboratoire de réalité virtuelle, un laboratoire d’enseignement, un autre d’anatomie, une animalerie, des bureaux et un grand laboratoire de recherche commun pour les professeurs et les étudiants, ce qui explique en partie l’annonce effectuée il y a un mois à Rimouski concernant la construction prochaine de ce Pavillon de médecine vétérinaire.

Concernant la recherche, l’UdeM désire la stimuler par son partenariat avec l’UQAR, réputée pour son expertise en matière de nordicité et de faune sauvage (terrestre, aquatique et marine). Outre les bénéfices énumérés en matière d’enseignement pour la médecine vétérinaire, il est évoqué que « de cet arrimage émergeront une capacité accrue à s’attaquer à des enjeux globaux de santé humaine, animale et des écosystèmes ainsi qu’un potentiel amplifié de comprendre le monde qui nous entoure, au bénéfice de l’ensemble de la société ».

La Pocatière, gros animaux et agrément

Alors que la pénurie de médecins vétérinaires est plus criante auprès des gros animaux de ferme et que l’objectif du PDFMV est d’ailleurs d’ouvrir 50 % de la cohorte de Rimouski à des étudiants voulant se spécialiser dans ce domaine, peu d’éléments ressortent de l’étude d’opportunités quant aux orientations envisagées en matière d’enseignement afin que ce souhait se concrétise. Il est toutefois mentionné qu’on fera appel à l’ITAQ de La Pocatière dès la deuxième année afin d’intégrer « l’approche équine », l’Institut étant jugé comme possédant « déjà toute l’infrastructure et l’expertise nécessaires à l’enseignement de l’approche et la manipulation sécuritaire des chevaux ».

Concernant les normes élevées de l’American Veterinary Medical Association Council on Education (AVMA COE) pour offrir le PDFMV, argument évoqué à maintes reprises par la députée de Côte-du-Sud pour justifier l’implantation du programme à Rimouski, rien dans l’étude d’opportunité n’indique que l’UQAR les rencontre. À ce propos, le document est sans appel quant au fait que seule l’UdeM est conforme à cet agrément et qu’elle conservera cette responsabilité ainsi que tout ce qui est lié à la gestion académique dans le partage des tâches avec l’UQAR.

L’autre point contradictoire dans l’argumentaire de la députée concerne cette fois l’enseignement de la quatrième et de la cinquième année du programme dont elle a indiqué à plusieurs reprises qu’il y aurait de « l’ouverture » pour qu’elles soient réalisées à La Pocatière. Or, l’étude d’opportunité est catégorique que la quatrième et la moitié de la cinquième année doivent être réalisées à Saint-Hyacinthe au sein du Centre hospitalier universitaire vétérinaire, dont la ville est la seule au Québec à posséder pareilles installations.