Meurtre de Colette Émond : Le policier qui a arrêté Picard entendu par les jurés

Photo: Stéphanie Gendron

Le procès de Denis Picard, accusé du meurtre de Colette Émond survenu dans un appartement de La Pocatière le 5 juin 2017, est commencé et se déroule présentement au Palais de justice de Rivière-du-Loup. 14 jurés ont été choisis et une dizaine de témoins se feront entendre au cours des prochains jours.

Le sergent Martin Gagnon est le premier témoin à être entendu mardi matin. Ce sont ses collègues et lui qui se sont rendus au domicile de Picard, après un appel de la conjointe de ce dernier. Selon le policier, le centre de répartition des appels d’urgence avait mentionné avoir reçu un appel « bizarre » vers 16 h 30, soit celui d’une dame qui affirmait que son conjoint était confus et « qu’il se serait rendu chez quelqu’un et aurait lancé un objet sur quelqu’un », a relaté le sergent.

Sur place, M. Gagnon dit avoir constaté que l’homme était paniqué, visiblement nerveux et qu’il avait affirmé qu’il était en dépression majeure. Il aurait tendu ses poignets pour qu’on le menotte. Les autorités ont tenté de le calmer et ont entendu ce qu’il avait à dire. Picard aurait mentionné qu’il aurait rencontré la victime à l’épicerie Métro de La Pocatière et il aurait été question de travaux de peinture qu’il avait faits pour elle. Il se serait rendu chez elle et la dame se serait dévêtue « pour le payer en nature ». Picard aurait refusé, ajoutant que ça se serait « mal fini » et que « la dame n’allait pas bien ».

Arrestation

Une agente de la Sûreté du Québec s’est rendue à l’appartement de Colette Émond, trois rues plus loin. Pendant ce temps, le policier Gagnon a arrêté Picard pour de possibles voies de fait. Toutefois, il a finalement été transmis comme information que la dame était décédée. Picard a donc été arrêté pour meurtre.

Selon le sergent, Picard pleurait, le corps penché vers l’avant. Il a été amené au poste de Saint-Pascal où il a appelé son avocat et où on l’a dépouillé de ses vêtements aux fins d’analyses. Picard aurait demandé au policier pourquoi il notait une liste de tous ses effets personnels et celui-ci aurait répondu : « Pour le moment où vous allez sortir ». Picard aurait rétorqué : « Sortir ? Je vais bien pogner 25 ans ! ».

Contre-interrogatoire

En contre-interrogatoire, l’avocat de la défense a mis en lumière le comportement et l’état d’esprit de Picard durant ces deux premières heures suivant les événements.

Un second témoin a été entendu en fin d’avant-midi, soit Philippe Martin, technicien spécialisé en scènes de crime de Québec. C’est lui qui a pris des photos et analysé les quatre « scènes » : l’appartement de Mme Émond, ainsi que la maison, la voiture et les vêtements de M. Picard. Il dit avoir d’abord dû travailler sur l’identification de la victime, qui n’était pas identifiable au niveau du visage en raison de ses blessures. Il a ensuite remis un album de photos de la scène de crime principale aux jurés. La juge a alors émis un avertissement que certaines des images consultées seraient dures à regarder.

Des photos de papiers déchirés retrouvés dans une poubelle dans la résidence du suspect ont aussi été montrées, puis les papiers admis en preuves. Sur les papiers, on retrouve des phrases du genre « Depuis deux mois, Denis ne va pas bien, son passé refait surface » et « Arrivé chez elle, elle lui dit : “Je peux payer en nature”, il a refusé, je l’ai pris à la gorge et je l’ai poussé dans sa chambre », a lu le technicien spécialisé en scènes de crime. Au verso d’un des papiers, on retrouve l’adresse courriel de Jean Petit, un avocat. Pour le moment, l’identité de la personne qui a écrit sur les papiers n’a pas été dévoilée durant le procès.

Des photos de vêtements ont aussi été montrées au jury. Une substance rouge a été prélevée sur la partie intérieure d’un sous-vêtement.

Le procès se poursuit mercredi.