En pénétrant l’immeuble, l’odeur de nouveaux murs et de peinture fraîche emplit les narines. Les plafonds sont troués, mais pas par vétusté. Des électriciens sont à l’œuvre pour terminer la mise en place du circuit électrique. Google Maps n’a même pas encore reconnu l’existence de l’adresse « 214, route 230 Ouest » à La Pocatière. C’est un nouveau départ pour Moisson Kamouraska, qui a pédalé avec acharnement dans les dernières années. L’entièreté de ses services sera bientôt de retour.
Contraint par des locaux devenus inappropriés pour leurs opérations, Moisson Kamouraska devait trouver un nouvel espace, une tâche qui s’est avérée laborieuse. En attendant son déménagement, l’organisme qui dessert six MRC, de Montmagny aux Basques, a fait des pieds et des mains pour éviter un bris des services les plus essentiels.
Ainsi, l’espace auquel avait accès Moisson Kamouraska jusqu’à son déménagement devait être réservé au dépannage alimentaire d’urgence, à la distribution d’aide alimentaire, et à la concertation entre les organismes communautaires de la région. « Il faut être opérationnel, parce que les gens ont besoin de manger », insiste Mireille Lizotte, directrice de Moisson Kamouraska.
D’autres services, comme le café communautaire et la soupe populaire, ont dû être suspendus temporairement. Les activités communautaires pourraient redevenir opérationnelles « quand j’aurai un plafond! » s’exclame la directrice en riant. « C’est beau ces projets-là, mais je ne suis pas financée pour les faire. Je le fais parce que j’ai une fibre communautaire, et parce que je trouve ça intéressant que les gens qui ont des problématiques puissent se regrouper, trouver des solutions, et avoir un intervenant qui les accompagne. » L’achèvement de l’espace est prévu pour la fin du mois d’avril.
Reprises
Durant l’entretien du Placoteux avec Mireille Lizotte, le téléphone ne cesse de sonner. « C’est qu’on vient juste d’annoncer le retour de La Boîte Fraîcheur », s’excuse Louise Chrétien, coordonnatrice des services de Moisson Kamouraska. Ainsi, les personnes intéressées par ces fruits et légumes frais et à faible coût sautent sur la chance de se réserver une portion. Cette offre, qui a été mise sur pied il y a une dizaine d’années, fait partie des activités qui ont été en dormance jusqu’à tout récemment. C’est également le cas de l’épicerie sociale. Pour rester à l’affût des activités et des offres de l’organisme, Mireille Lizotte et Louise Chrétien soutiennent toutes les deux que le meilleur moyen est de suivre leur page Facebook de près.
Ailes déployées
L’équipe de Moisson Kamouraska a pesé le pour et le contre de devenir propriétaire du local dans lequel elle opère. Avec l’aide d’un chargé de projet, elle aurait convenu que « oui, c’est audacieux, mais finalement, on est chez nous », exprime Mireille Lizotte. Maintenant installé dans un bâtiment adjacent à la montagne et ayant une vue prenante sur les chevaux de la ferme d’en face, l’organisme déploie ses ailes.
Tout en s’assurant que « la mission de Moisson, soit la récupération et la distribution [alimentaire] » soit respectée, l’organisme envisage la mise en place de nouveaux projets. Par exemple, on pourrait y voir une « friperie éphémère » saisonnière, où seraient offerts divers types de dons non alimentaires, comme des nouilles de piscine ou des vêtements. Ou encore, le terrain pourrait se voir assigner une fonction nourricière, bien que celle-ci ne soit pas encore définie.
Moisson Kamouraska aussi se fait cadeau : à l’aide d’un financement de 70 000 $ de Banques alimentaires Canada, elle vient de faire l’acquisition d’un nouveau camion réfrigéré. Celui-ci servira à la récupération et à la distribution alimentaire sur le territoire desservi par l’organisme.