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Mont-Carmel pionnière du chauffage à la biomasse

Une première chaudière a été installée stratégiquement entre l’église et l’école. Photo : Courtoisie

La municipalité de Mont-Carmel s’est démarquée comme l’une des premières au Québec à mettre en place un projet de chauffage à la biomasse alimentant l’église, l’école et l’édifice municipal. Une initiative audacieuse qui a nécessité plusieurs années de développement.

« Nous avons été les premiers au Bas-Saint-Laurent à nous lancer dans cette aventure », affirme Denis Lévesque, conseiller municipal et ancien maire de Mont-Carmel. L’idée a germé au début des années 2010, alors que la municipalité participait à un laboratoire rural dans le cadre de la Politique nationale de la ruralité du gouvernement du Québec. « Nous nous sommes inspirés des réseaux de chaleur en France, où ce type d’énergie est beaucoup plus répandu », explique M. Lévesque, qui a lui-même participé à des missions d’étude en Europe.

Le projet visait initialement à alimenter en chauffage trois bâtiments municipaux — l’église, l’école et l’édifice municipal — avec un seul réseau. Toutefois, la Municipalité a dû revoir son plan. « Le coût pour relier l’édifice municipal s’est avéré trop élevé, alors nous avons opté pour deux réseaux distincts », précise M. Lévesque. Malgré les défis, Mont-Carmel est parvenue à concrétiser son projet, devenant un exemple en matière de transition énergétique dans les petites communautés.

Si l’idée était novatrice, sa mise en place a comporté plusieurs embûches. « On partait de zéro, voire de moins cinq », lance M. Lévesque avec humour. L’un des premiers défis fut d’évaluer correctement les besoins en chauffage. « Nous avons sous-estimé la demande calorifique, ce qui a mis nos chaudières à pleine capacité en période de grand froid », reconnaît-il.
Un autre enjeu a émergé avec l’école, qui s’est retirée du projet après quelques années. « Les établissements scolaires bénéficiaient d’un tarif préférentiel pour l’électricité, ce qui faisait en sorte que notre solution n’offrait pas d’économies suffisantes. »

Le choix de la technologie s’est aussi révélé crucial. À l’origine, le projet misait sur des chaudières alimentées en copeaux de bois. Mais la chaudière importée d’Europe a causé bien des maux de tête, avec des bris fréquents et des incompatibilités mécaniques. Finalement, la Municipalité a opté pour un système fonctionnant aux granulés de bois, plus stable, bien que légèrement plus coûteux.

Le coût total du projet s’élevait à environ 150 000 $, entièrement financé par le laboratoire rural. « Une grande partie de cette somme a servi à la construction de l’infrastructure nécessaire au transport de la chaleur entre les bâtiments », précise M. Lévesque.

D’un point de vue environnemental et économique, la biomasse s’est révélée un choix judicieux. « Pour la municipalité, remplacer le chauffage à l’huile a permis des économies de 3000 à 4000 $ par année », indique M. Lévesque. Toutefois, il admet que la biomasse peine à rivaliser avec les coûts de l’électricité au Québec. « On ne parle pas d’une solution miracle, mais d’une approche logique et durable, qui réduit notre dépendance aux énergies fossiles. »
Mont-Carmel avait aussi tenté d’implanter une production locale de biomasse en cultivant du peuplier hybride. « Le concept était excellent, mais faute d’entrepreneurs prêts à se lancer, nous avons dû abandonner cette initiative », regrette M. Lévesque.

Malgré les ajustements nécessaires, le projet reste une réussite, et une source d’inspiration pour d’autres municipalités. « Nous avons accumulé une expertise précieuse, et aujourd’hui, d’autres communautés nous contactent pour en savoir plus », conclut l’ancien maire.

À La Pocatière, l’hôpital Notre-Dame-de-Fatima a converti son système de chauffage au mazout en un système à la biomasse forestière résiduelle en 2015, permettant la réduction de 1450 tonnes de gaz à effet de serre par année. Le Centre de développement bioalimentaire du Québec a installé en 2012 la première chaudière à la biomasse Blue Flame au Québec à ses installations de La Pocatière.