Il a fait peu de bruit jusqu’à maintenant, mais il a visiblement été très proactif dans l’ombre. Le nouveau maire de La Pocatière Vincent Bérubé, élu par acclamation le 1er octobre dernier, s’installe graduellement. Déjà, on sent qu’il a posé les assises de ce qui orientera sa mairie au cours des prochains quatre ans : le développement économique.
Près de deux mois après s’être assis dans le fauteuil de maire, Vincent Bérubé a clairement pris ses aises. On sent l’entrepreneur en restauration beaucoup plus assumé et parler avec davantage d’assurance.
L’ancien président de la Chambre de commerce Kamouraska-L’Islet, qui a quitté sa fonction pour pouvoir se présenter à la mairie de La Pocatière, a aussi retrouvé un siège similaire, mais cette fois dans un organisme d’intervention plus direct et concret pour concrétiser ses ambitions à titre d’élu municipal : Développement économique La Pocatière (DELP). « Pour moi, être maire de La Pocatière, ça vient de pair avec une présence sur le conseil d’administration de DELP. »
Le ton est donné et Vincent Bérubé a clairement choisi son camp, celui du développement économique. En ce sens, il rejoint l’ancien maire devenu depuis député conservateur au fédéral Bernard Généreux. À titre de président de DELP, il se fixe pour objectif d’accueillir au moins une nouvelle entreprise par année au sein des deux parcs industriels existants ou le futur parc bioalimentaire.
Pour Vincent Bérubé, il n’y pas de doutes, La Pocatière a tout pour se propulser encore plus loin. Il cite en premier chef les industries, les maisons d’enseignement collégiales, le milieu commercial qui distinguent sa municipalité des autres de même taille. Le défi est plutôt d’apprendre à concilier tous ces secteurs d’activité qui ont toujours fait la force de la ville, mais qui demeurent inhabituels compte tenu de la taille de la population — environ 4000 personnes.
« La Pocatière a de multiples vocations, mais ça reste une petite ville. Il faut être proche de nos intervenants, de nos organisations. On a fait une douzaine de rencontres en lien avec le développement économique jusqu’à maintenant. Il faut être sur le terrain », enchaîne celui qui réalise ces rencontres en compagnie du directeur général de DELP, Joël Bourque.
Main-d’œuvre
La tournée des intervenants économiques qu’il a entreprise lui a aussi permis de confirmer que la pénurie de main-d’œuvre est l’enjeu numéro un des entreprises et institutions pocatoises, comme partout ailleurs. Par sa qualité de vie, son offre en loisir et ses services de proximité, Vincent Bérubé est d’avis que La Pocatière a le potentiel d’accueillir cette main-d’œuvre qui inévitablement viendra d’ailleurs au Québec, ou dans le monde. La loger demeure toutefois compliqué.
« Le logement, c’est difficile. Tous les employeurs au sein de la ville nous en ont parlé. Notre propre directeur général a même été obligé de dormir dans sa voiture une fin de semaine quand il est arrivé, car il ne trouvait nulle part où se loger. »
Sur le plan immobilier, le marché n’a pas été aussi actif depuis belle lurette à La Pocatière, ce qui n’aide en rien à la situation. En matière de construction résidentielle, des terrains sont toujours en vente dans le secteur de l’Îlot de la Gare, mais Vincent Bérubé croit beaucoup au nouveau développement que la Ville entend mousser entre la rue du Verger et la pointe ouest de la Montagne du Collège. Quatre terrains seraient déjà vendus. « Mon souhait, ça serait qu’on puisse ouvrir la rue le printemps prochain », enchaîne le maire.
Environnement
Si Vincent Bérubé s’impatiente de voir les chantiers de construction se multiplier aux quatre coins de sa ville, signe de vitalité économique, il reconnaît que le développement devra se conjuguer de plus en plus avec les préoccupations environnementales de la population. « C’est le gros défi qui m’attend comme maire », avoue-t-il.
En début de semaine, des citoyens préoccupés par la destruction des boisés urbains en lien avec la construction de la Résidence des Bâtisseurs sont venus lui rappeler l’importance de ces îlots de fraîcheur dans le contexte des réchauffements climatiques. Le nouveau maire a promis de mener à terme la politique de l’arbre amorcée avant la pandémie de COVID-19. En entrevue, il a ensuite confirmé que la Ville va planter davantage d’arbres et moins d’annuelles, dès l’été prochain. L’équilibre est essentiellement la maxime à laquelle il aspire.
« Oui, il faut conserver des arbres, mais il ne faut pas que ça nous empêche d’évoluer non plus. Je suis d’accord avec le fait qu’il y a des terrains qui doivent être protégés à La Pocatière, mais il ne faut pas être inutilement alarmiste non plus. Il n’y a aura jamais de développement résidentiel dans la Montagne du Collège », s’est-il exclamé.
Fusion et aréna
Sujet délicat, le projet d’une fusion municipale avec Sainte-Anne-de-la-Pocatière n’est pas dans les cartons pour les prochains quatre ans, selon le nouveau maire. « Pour que ça se réalise, il faut être deux », ajoutant que l’appétit n’y est pas actuellement chez sa voisine. « Mais je crois que le prochain quatre ans peut servir à préparer le terrain pour ça. »
En ce qui concerne le vieil aréna, Vincent Bérubé a rappelé que des travaux sur la toiture et l’aménagement du vestiaire des Gaulois (football collégial) avaient été réalisés ces dernières années. Il est toutefois d’avis qu’il ne faut exclure la destruction éventuelle du bâtiment, ce dernier étant difficile à convertir aux normes d’aujourd’hui. « Plusieurs options et projets sont à évaluer avant ça, mais je ne crois pas qu’il fasse se freiner simplement parce que des investissements y ont été faits ces dernières années. »