Les intervenants entendus à la Commission sur le redécoupage électoral au fédéral, qui était de passage à Rivière-du-Loup vendredi, s’entendent tous pour refuser que Témiscouata s’ajoute à Montmagny—L’Islet—Kamouraska—Rivière-du-Loup, et s’opposent au nouveau nom proposé : Montmagny—Témiscouata—Kataskomiq.
Le premier élu entendu lors de la commission présidée par Jacques Chamberland, qui se trouvait en visioconférence en raison de la COVID-19, a été Bernard Généreux, l’actuel député.
Il demande à ce qu’on ne priorise pas seulement les statistiques du nombre de personnes qui habitent le territoire, lors de la prise de décision. Il a axé son argumentaire sur le transport et les longues distances. « C’est humainement abusif d’imposer ces longs trajets à un député. Il en va de ma sécurité personnelle. Les électeurs ont le droit d’avoir accès à leur député », a dit M. Généreux, citant en exemple les heures perdues s’il doit partir de Montmagny vers une municipalité du Témiscouata pour rencontrer des gens en personne.
Quant au nom proposé, il souhaite, s’il faut effectivement ajouter Témiscouata, le nom de Côte-du-Sud—Rivière-du-Loup—Témiscouata—Kataskomiq. L’évocation du nom Côte-du-Sud pour regrouper Montmagny—L’Islet—Kamouraska, comme au provincial, a semblé séduire Louis Massicotte, un des commissaires, qui a pris des notes.
L’enjeu de la règle statistique a été soulevé, alors que les commissaires disent avoir redécoupé des comtés avec des populations de 88 000 à 122 000 personnes, ce qui démontre une certaine latitude. Reste que de couper une circonscription en Gaspésie amène des répercussions jusqu’au comté actuel de Montmagny—L’Islet—Kamouraska—Rivière-du-Loup.
Un des intervenants pertinents aura été le préfet de la MRC de Témiscouata, Serge Pelletier, qui a raconté que cette MRC se fait promener de circonscription en circonscription depuis des décennies. Elle a même déjà été coupée en deux à un moment, alors que le Témiscouata devait travailler à deux députés. Le préfet a dit que de rester avec Rimouski—Neigette—Témiscouata—Les Basques était préférable. « Actuellement, nous sommes avec des municipalités rurales où les services fédéraux sont pratiquement inexistants. Nous avons besoin d’un député présent », a-t-il dit.
Finalement, le préfet du Kamouraska Sylvain Roy a commenté en disant que le territoire serait trop immense, et que cela irait « à l’encontre de l’esprit de représentativité. On se nuit en agrandissant », a-t-il signifié, ajoutant que le récent solde migratoire positif au Kamouraska était de bon augure, avec le désir des gens des villes à faire un retour en région.
Taché ?
La Société d’histoire et de généalogie de la Côte-du-Sud a envoyé un communiqué un peu plus tôt dans la semaine, indiquant qu’elle s’opposait à l’élargissement des limites de la circonscription électorale fédérale de Montmagny —L’Islet—Kamouraska—Rivière-du-Loup ainsi qu’au nouveau nom dont on veut l’affubler. « Le nom Kataskomiq que l’on propose d’ajouter à Montmagny et Témiscouata n’a aucune résonnance positive dans notre région. Bien plus, cette appellation risque de devenir la cible de mauvais jeux de mots, en plus d’entraîner des réactions négatives de la part de la population locale », écrit-on.
Pour la Société d’histoire régionale, il conviendrait davantage de nommer la circonscription « Taché », en hommage à d’illustres personnages natifs de Montmagny, de Kamouraska et de Rivière-du-Loup. Pour soutenir son argumentaire, la Société cite les noms d’Étienne-Paschal Taché de Montmagny, père de la Confédération et premier ministre du Canada de 1855 à 1857, de Joseph-Charles Taché, natif de Kamouraska, médecin, essayiste et sous-ministre de l’Agriculture du Canada de 1860 à 1888, et d’Alexandre-Antonin Taché, prêtre oblat, deuxième évêque et premier archevêque de Saint-Boniface au Manitoba de 1853 à 1894.