Des travaux de révisions des critères d’attribution des ressources ambulancières sont actuellement en cours au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Le propriétaire des Ambulances Chouinard de La Pocatière, Tommy Chouinard, craint de plus en plus que son entreprise fasse les frais de cette future réorganisation et qu’aucun de ses deux véhicules de faction ne soit considéré pour passer à un horaire à l’heure.
Les horaires de faction dans le secteur des services préhospitaliers sont un enjeu depuis leur instauration il y a plus d’une trentaine d’années. Depuis 2017, des critères ont été établis par le sous-ministre adjoint du MSSS Marco Thibault pour encadrer la transformation des horaires de faction en horaire à l’heure au sein des compagnies ambulancières du Québec. Parmi ces critères les plus souvent évoqués, mentionnons le dépassement d’une moyenne d’utilisation d’un mobile de plus de 28 h par semaine sur une base annuelle.
Il y a déjà un moment que l’entreprise de Tommy Chouinard se rapproche de ce ratio. Ses plus récentes données lui indiquent même qu’il le dépasse avec une utilisation de 28,40 h pour un de ses deux véhicules de faction.
« On pourrait faire passer mon mobile à l’horaire à l’heure maintenant. Pourquoi on ne le fait pas ? On vient de le faire à Témiscouata-sur-le-Lac avec des statistiques pratiquement identiques », rappelle-t-il.
Au MSSS, Marjorie Larouche des relations avec les médias indique qu’un comité national de transformation du système préhospitalier d’urgence a été formé et que les indicateurs ou critères établis par le sous-ministre adjoint Marco Thibault sont actuellement en révision. Par conséquent, « aucune recommandation de modification de l’offre de service n’est prévue à court terme ».
Cette approche deux poids deux mesures met en rogne Tommy Chouinard qui a interpellé à plusieurs reprises la députée de Côte-du-Sud Marie-Eve Proulx afin qu’elle intervienne dans ce dossier. Il est convaincu que la modification accordée récemment à Témiscouata-sur-le-Lac est politique, puisqu’elle a été en quelque sorte « promise » par le premier ministre François Legault lui-même lors de son passage à Rivière-du-Loup, l’été dernier.
Comité national
Cette observation est la même effectuée par une des personnes actuellement impliquées sur le comité national du MSSS avec qui Le Placoteux s’est entretenue, mais qui préfère conserver l’anonymat. « Là où il y a eu des transformations d’horaire jusqu’à maintenant, c’était souvent des décisions politiques où l’influence d’un député ou d’un ministre a joué pour beaucoup. Au final, ça amène beaucoup d’iniquité », a-t-elle déclaré.
Cette personne est aussi d’avis que les critères énoncés par le sous-ministre Marco Thibault en 2017 n’étaient peut-être pas les bons. Certains services ambulanciers ont bénéficié depuis de modifications d’horaire parce qu’ils rencontraient l’un ou l’autre des indicateurs énumérés, sans être considérés pour autant « débordés ». Une approche plus pragmatique est à privilégier, selon elle, et en ce sens, elle salue l’approche actuelle du gouvernement.
Toutefois, elle reproche l’absence d’objectifs fournis par le Ministère afin de faciliter le travail du comité. Une approche avec des cibles de temps d’arrivée selon les priorités d’appels et différents types de territoires (milieu urbain, rural, périurbain) permettrait de mieux quantifier d’éventuelles recommandations qui seraient formulées par le comité.
« Il est difficile de connaître les intentions réelles derrière cette démarche. L’agenda du Ministère n’est pas toujours translucide. À moins que le gouvernement ne cherche à vouloir étirer la sauce ? Si on veut être en mesure de trouver des solutions, il faut prendre le temps de bien réfléchir, et pour ça, il va falloir nous énumérer des objectifs clairs. »