Des paramédics de Montmagny sont venus en renfort à Saint-Jean-Port-Joli afin d’assurer une couverture ambulancière du secteur et d’éviter une rupture de service le 19 février dernier. Selon le président de la Fraternité des travailleurs et travailleuses du préhospitalier du Québec secteur Saint-Jean-Port-Joli Stéphane Lévesque, cette situation aurait été occasionnée par le manque d’attractivité des horaires de faction qui sont toujours en vigueur dans L’Islet-Nord.
Le 14 février dernier, René Valois, directeur des opérations chez Paraxion — entreprise propriétaire des services ambulanciers de Montmagny et Saint-Jean-Port-Joli —, mentionnait que ce type de situation provoquée par un débordement attribuable à une des règles de la CNESST qui oblige les paramédics qui n’ont pas eu quatre heures consécutives de repos à se retirer pour une période de huit heures pouvait survenir à l’occasion. En général, l’entreprise est en mesure d’éviter la rupture de service.
« Trois ou quatre paramédics supplémentaires aideraient probablement à mieux absorber ces débordements lorsqu’ils surviennent à Saint-Jean-Port-Joli », avait-il mentionné. Selon le représentant syndical Stéphane Lévesque, mais également d’autres propriétaires d’entreprises ambulancières de la région interrogés le mois dernier, les horaires de faction chez les paramédics nuiraient au recrutement de paramédics à la recherche de poste à temps plein et mettraient à risque la couverture ambulancière de notre territoire lors de « débordements CNESST », comme appelés dans le milieu ambulancier.
Ainsi, une rupture de service en raison de ces débordements est survenue le 19 février dernier à Saint-Jean-Port-Joli, mais également le 13 août 2021. Pour solutionner le problème, Paraxion a dû rendre disponible une de ses ambulances de Montmagny et déployer l’équipe de paramédics qui l’accompagne pour une durée de 8 h afin de l’envoyer couvrir le secteur de Saint-Jean-Port-Joli, le mois dernier, et ainsi éviter la rupture de service.
« Le service à la population a donc été maintenu, mais la situation démontre quand même une problématique qui dure depuis plusieurs années alors que le palier politique refuse toujours de débloquer les fonds nécessaires pour la conversion d’horaire », a rappelé le représentant syndical Stéphane Lévesque.
Si convertir l’horaire de faction en horaire à l’heure nécessiterait le double de paramédics afin de garder le véhicule ambulancier opérationnel 24 h par jour, il semblerait que ces quarts de travail sont beaucoup plus alléchants auprès des paramédics que les horaires de faction appelés 7/14 dans le jargon ambulancier et qui viennent avec leurs lots de contraintes en matière de disponibilités et de lieux de résidence. Mario Robitaille, superviseur aux Ambulances L’Islet-Sud de Saint-Pamphile, confiait d’ailleurs le mois dernier avoir beaucoup moins de problèmes de recrutement depuis le passage en 2018 d’un horaire de faction en horaire à l’heure.
Inaction politique
Actif sur toutes les tribunes sur ce sujet depuis environ quatre ans, Stéphane Lévesque a rappelé avoir fait plusieurs approches auprès de la députée de Côte-du-Sud Marie-Eve Proulx afin de travailler conjointement ce dossier, approches qui lui ont toutes été refusées à ce jour, écrit-il. Il a depuis sollicité le nouveau ministre responsable de Chaudière-Appalaches André Lamontagne où une conversion d’horaire de faction a pourtant été effectuée avec succès sous son règne à Acton Vale, dans la circonscription de Johnson qu’il représente.
« Après deux discussions téléphoniques avec un membre du bureau du ministre, j’ai été déçu de sa réponse. Le ministre n’a pas 20 minutes à nous consacrer pour discuter du dossier et dit travailler en étroite collaboration avec le bureau de la députée… »
De plus, avec l’abolition des anciens barèmes de conversion d’horaire toujours pas annoncés de manière officielle, mais évoqués par le premier ministre François Legault le 29 octobre dernier comme des nouveaux critères « objectifs », lors de son passage à La Pocatière, Stéphane Lévesque estime qu’il s’agit d’un « recul historique au Québec ». Au lieu de procéder à une conversion selon une moyenne hebdomadaire annuelle de sorties de 28 h pour un horaire de faction, François Legault mentionnait, entre autres, que « la population, le délai d’intervention et la distance des véhicules par rapport aux différents hôpitaux » seraient désormais considérés par le ministère de la Santé et des Services sociaux.