La rigueur budgétaire mise en place par l’équipe municipale actuelle porte ses fruits de l’avis du maire de Saint-Pacôme, Robert Bérubé. Le dépôt officiel des états financiers prévus à la fin du mois devrait même lever le voile sur une réserve budgétaire de près de 600 000 $ accumulée depuis la fin 2017.
Ce surplus accumulé que Saint-Pacôme n’aurait pas connu « depuis la nuit des temps », pour reprendre les paroles du maire, est à l’origine du renouvellement du membership à Parcours Fil Rouge, soit l’équivalent de 1550 $ par année. Un autre montant, cette fois de 2500 $, doit servir au rafraîchissement des 22 panneaux du circuit patrimonial de la municipalité.
Un budget doit aussi être voté et dédié aux parcs, notamment le belvédère de la Croix, envahi par le chiendent selon les dires de Robert Bérubé, faute d’entretien ces dernières années. Un projet à la mémoire d’André Gagnon, décédé en décembre dernier, est aussi dans les cartons. Le montant à engager doit faire l’objet d’un vote.
Bref, on pourrait quasiment croire que Saint-Pacôme se permet de « rêver » de nouveau, après des années à appliquer une discipline militaire aux finances et qui n’a pas manqué d’étouffer – en partie – le dynamisme qui animait jadis ce village qui faisait pourtant l’envie de ses voisins. « On parle de petits investissements. On ne fait pas les fous, mais ça va nous permettre de rattraper une partie de ce qu’on a négligé ces dernières années pour assainir les finances municipales. » Une négligence ou un désinvestissement délibéré – pour ne pas dire austérité – afin d’en venir, donc, vers ce que l’ancien premier ministre Bernard Landry qualifiait de « vallées verdoyantes ».
Ainsi, le poste de l’ancienne agente de développement est passé à la trappe en 2018 ; la relance de la Station plein air a été enterrée définitivement ; aucun engagement financier n’a été promis au Comité du parc qui souhaite y relancer la glissade et on a bien fait de préciser l’automne dernier par résolution que l’OBNL les Jardins du Clocher ne recevrait pas un centime de plus de la Municipalité que ce qui a été consenti dans le cadre de la subvention gouvernementale. Quand on parle de discipline militaire…
Loin de faire l’unanimité, ces décisions ont toujours été motivées par le même désir commun de redressement des finances municipales chez les membres du conseil élus indépendamment et par acclamation en 2017, assure Robert Bérubé. Saint-Pacôme avait à l’époque la dette la plus importante au prorata de sa population parmi les municipalités du Kamouraska et le compte de taxes pouvait largement en témoigner.
Différents emprunts contractés au fil du temps par la Municipalité, entre autres pour des projets d’infrastructures, pesaient fort sur les finances. D’autres éléments étaient attribuables à des décisions politiques prises par d’anciens élus, mais dont l’impact sur les finances se faisait toujours sentir lors de l’arrivée de l’équipe municipale actuelle : la reprise en 2016 des actifs de la Station plein air et le remboursement d’un emprunt d’environ 300 000 $ endossé par la Municipalité quelques années auparavant ; le règlement hors cour de près de 100 000 $ pour un congédiement contesté par l’ancien directeur général Philippe Côté en 2017.
Quand Robert Bérubé parle de cette époque, il ne se gêne pas pour la qualifier de « traumatisante ». Ajoutez à cela toutes les chicanes de clans qui ont déchiré Saint-Pacôme au même moment, combinées à une élection 2013 particulièrement douloureuse et polarisante pour les deux parties et on peut comprendre que cet état de choc post-traumatique perdure aujourd’hui chez les élus, même la population, en plus de teinter les discussions autour de la table du conseil. Robert Bérubé ne s’est d’ailleurs jamais caché que les discussions en plénière pouvaient parfois être houleuses. Concernant le projet des panneaux du circuit patrimonial, par exemple, les négociations n’ont pas été de tout repos, semblerait-il, avant d’en venir à un consensus pour… 2500 $ !
Certains diront qu’il s’agit là d’un bel exemple de rigueur des élus dans la gestion des deniers publics, mais quand les surplus avoisinent les 600 000 $, il y a peut-être là excès de zèle, voire les traits pas très glorieux du syndrome de la « machine à café », vous savez, quand tout le monde autour de la table d’un CA a son opinion à donner sur l’achat de la prochaine qui coûtera à peine 200 $, alors qu’un vote sur un projet d’un demi-million, lui, par contre, passera comme une lettre à la poste ! Certes, il est vrai que certains apprivoiseront toujours plus aisément les « vallées verdoyantes » que d’autres, mais il serait néanmoins peut-être bien de rappeler à Saint-Pacôme qu’après la rigueur budgétaire vient l’équilibre.