Moi et ma passion des chats… Je vous jure qu’elle m’a coûté cher ce coup-ci ! Un peu plus et on imposait des restrictions à mon compte Facebook, parce qu’il n’y a visiblement pas plus personne toxique que moi…
Mon offense ? J’ai osé commenter la photo de profil d’une amie en faisant des commentaires visiblement déplacés sur son beau chat gris en arrière-plan, en suggérant que je le kidnapperais à son insu si elle l’exposait trop. Elle et moi savons bien qu’il s’agit d’une blague, car je ne cesse de complimenter son matou chaque fois que je vais chez elle.
Malgré mes émojis d’yeux en cœur et de bonhomme qui pleure de rire à la fin de mon allusion, Facebook a vu en moi un méchant détraqué prêt à kidnapper un chat pratiquement sans domicile fixe et qui passe le plus clair de son temps à l’extérieur à chasser oiseau et souris, sinon dormir. La rançon : 10 ou 20 $, ça restait à déterminer. En tout cas, assez pour couvrir au moins une semaine de litière et de nourriture.
On ne blague pas avec les chats !
Don’t F**k with Cats — pardon pour l’autocensure, mais on n’est jamais trop prudent — titrait le documentaire Netflix où des internautes partait à la chasse de Luka Rocco Magnotta, ce tueur en série qui, avant de devenir ce monstre que nous connaissons, s’en prenait à des petits animaux de compagnie. J’en déduis donc que Facebook a conclu que mon humour au deuxième degré n’était que la prémisse d’un véritable kidnapping.
Ou à moins qu’un ami ultrasensible m’ait signalé ? Tout le monde a une bonne raison de s’offenser de nos jours, alors pourquoi ne pas le faire au nom des chats gris ? Ces sales humains qui aiment les mettre en fond d’écran sur leurs ordinateurs ou leurs appareils mobiles comme moi méritent clairement d’être mis à l’index, car il n’y a visiblement rien de plus déviant.
Seule certitude : aujourd’hui, on n’est jamais sûr de rien et Facebook l’a assimilé mieux que personne. Comme mes propos faisaient « l’apologie du crime et de la violence », pour reprendre les termes de la Gestapo des médias sociaux, on a retiré mon commentaire et on m’a tapé sur les doigts en mettant une note à mon identité numérique, danger public que je suis. J’ai contesté, vous vous en doutez bien, sans aucune chance de pouvoir m’expliquer, mais le verdict est resté le même, moins d’une heure après la demande de réexamen. Je m’en confesse, je suis encore dépassé par tant de rigueur.
On m’a ensuite suggéré de faire appel en m’en remettant au conseil de surveillance. J’ai jusqu’au 27 juillet pour obtempérer. Vous excuserez mon incivilité, votre honneur, pardon, M. Zuckerberg, mais je vais assumer mon casier judiciaire numérique. En fait, si je regarde le système de justice québécois qui offre l’absolution à pire ordure que moi, mieux vaut accepter sa culpabilité, la peine est ainsi moins sévère.
Et je ne me suis visiblement pas trompé, puisque Facebook m’a écrit ceci : « Nous sommes conscients que l’erreur est humaine, ce pourquoi nous n’avons pas restreint votre compte. » Merci, Facebook de ta compréhension. J’avais un trop plein de bonheur et je me sentais cabotin ce matin-là. Je devais avoir trop bien dormi la veille, je ne sais plus trop. Je ne recommencerai plus, promis.
Ironie du sort, quelques minutes après avoir reçu la confiance renouvelée de Facebook, je me retrouvais à faire de la modération de commentaires irrespectueux et disgracieux sur la page Facebook du Placoteux, en dessous de ma dernière chronique sur le pourboire. Étonnement, ceux-là, Facebook n’avait pas jugé bon les censurer. Le deuxième degré est déjà difficile à saisir avec des émojis humoristiques, alors imaginez maintenant le premier… en majuscule par-dessus le marché !