Pour protéger le patrimoine paysager de notre région

Les cabourons constituent la signature paysagère de la région. Photo : Nicolas Gagnon

La Société des cabourons a présenté un mémoire devant la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles, dans le cadre des consultations sur le projet de loi 63. L’objectif : ajuster la législation pour mieux protéger les paysages emblématiques de notre territoire, et assurer une gestion harmonieuse des ressources naturelles.

Le projet de loi 63, qui vise entre autres à modifier la Loi sur les mines, soulève des inquiétudes quant à l’avenir de ces paysages uniques. « Nos paysages sont des biens communs qui définissent notre identité. Leur préservation doit être une priorité législative », explique Jacinthe Thiboutot, présidente de la Société des cabourons. La législation actuelle accorde une grande priorité aux intérêts miniers, créant des conflits d’usage entre l’exploitation des ressources et la protection des paysages et des écosystèmes.

Pour la Société, il est impératif de revoir cet équilibre, notamment pour empêcher que des territoires à haute valeur patrimoniale soient compromis par des projets industriels.

Aucune protection

Les cabourons, qui forment un relief unique dans le Kamouraska, ne bénéficient d’aucune protection explicite contre les activités d’exploration et d’exploitation minière. Ces formations géologiques, symboles de la région, sont non seulement un élément identitaire, mais également un lieu de récréation et d’éducation pour les résidents et les visiteurs.

Sans une révision législative, ce patrimoine paysager pourrait être irrémédiablement altéré par les opérations minières. La Société des cabourons propose donc plusieurs ajustements au projet de loi pour garantir une protection adéquate de ces lieux.

Parmi les changements suggérés, la Société recommande d’obtenir le consentement des populations locales avant l’émission des droits miniers, car les communautés doivent avoir un mot à dire dans les décisions qui touchent leur environnement immédiat. Une autre demande importante consiste à mettre fin à la préséance de la Loi sur les mines sur la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme, ce qui limiterait le pouvoir de l’industrie minière sur le territoire des municipalités, et redonnerait aux autorités locales un contrôle sur l’aménagement de leur territoire.

En plus de protéger les droits des communautés locales, le mémoire met l’accent sur la nécessité de préserver les zones à haute valeur écologique et patrimoniale. Selon la Société, des endroits comme les cabourons du Kamouraska devraient être soustraits à toute activité de prospection ou d’extraction minière. Une harmonisation entre les schémas d’aménagement des MRC et les plans régionaux de développement permettrait de protéger efficacement les ressources naturelles, y compris l’eau, qui demeure un bien commun essentiel. La Société insiste également sur l’importance de soumettre chaque projet à des évaluations rigoureuses d’impact environnemental, afin de s’assurer qu’il respecte les objectifs de développement durable.

Priorité disproportionnée aux activités minière

Selon Mme Thiboutot, le projet de loi 63, tel qu’il est rédigé, accorde une priorité disproportionnée aux activités d’extraction et d’exploitation minière, au détriment des paysages et des communautés qui en dépendent.

En 2023, une demande de statut de protection pour l’ensemble des cabourons a été soumise à la municipalité de Saint-Germain-de-Kamouraska et à la MRC de Kamouraska. Ce geste a été appuyé par plusieurs élus locaux, mais l’organisme explique que les démarches se heurtent aujourd’hui aux intérêts de l’industrie minière, qui a multiplié les claims dans la région depuis janvier 2024.

Pour appuyer son mémoire, la Société a également lancé une pétition qui a recueilli plusieurs centaines de signatures en quelques semaines, et qui demande au gouvernement de créer des aires protégées pour les cabourons, et de revoir les critères d’octroi des droits miniers. « Cette mobilisation démontre que les citoyens se préoccupent de leur patrimoine. Ils veulent être entendus et impliqués », explique Thiboutot.

L’adoption des recommandations de la Société permettrait de doter la région d’un cadre législatif équilibré, harmonisant les intérêts de l’industrie avec ceux des communautés locales.