Note de la rédaction : Considérant le dossier de la piscine du Cégep de La Pocatière, Le Placoteux a choisi de diffuser cette lettre ouverte de la Société de sauvetage.
À la lumière des récents articles parus dans La Presse sur l’importance de l’apprentissage de la natation chez les jeunes enfants, la Société de sauvetage souhaite rappeler que la natation est une compétence de survie essentielle. Apprendre à nager ne se limite pas à l’acquisition d’habiletés physiques, mais procure également la confiance nécessaire pour évoluer en toute sécurité dans un environnement aquatique. Il est important de souligner qu’il existe une grande différence entre savoir se baigner et réellement savoir nager.
Dans une province comme le Québec, où l’accès à l’eau est omniprésent grâce à ses nombreux lacs, rivières et piscines, il est primordial que chaque enfant bénéficie de cet apprentissage. Tous les enfants, sans exception, doivent avoir accès à des cours de natation, ou à tout le moins à un enseignement de base leur permettant de survivre en cas de chute accidentelle dans une zone d’eau profonde. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’enseignement des compétences de base en natation et des règles de sécurité aquatique fait partie des mesures clés pour réduire le nombre de noyades à l’échelle mondiale.
Au Québec, les enfants entrent à l’école dès l’âge de quatre ans. Il est donc impératif qu’ils aient accès à des cours de natation. Avant cet âge, des programmes d’acclimatation tels que les cours parents-enfants peuvent initier les tout-petits à l’eau, et les préparer aux cours de natation qui suivront. Selon une étude de l’Hôpital de Montréal pour enfants et du Centre universitaire de santé McGill, pour chaque enfant décédé par noyade, plus de dix se rendent aux urgences ou sont hospitalisés pour une quasi-noyade. En tenant compte des statistiques de la Société de sauvetage, qui révèlent que huit enfants meurent annuellement par noyade, on peut estimer qu’environ 80 enfants sont touchés par une noyade ou une quasi-noyade chaque année. Cela représente près de 400 enfants et leurs familles affectés au cours des cinq dernières années.
Consciente de la demande croissante des parents, la Société de sauvetage milite pour une augmentation de l’offre de cours de natation, notamment en élargissant l’accès aux piscines publiques, et en favorisant les cours gratuits dans les piscines extérieures durant l’été. De plus, grâce au soutien financier du gouvernement du Québec, via le ministère [sic] du Sport, du Loisir et du Plein air, la Société de sauvetage appuie l’intégration des programmes Nager pour survivre et Nager pour survivre plus dans les établissements scolaires, tant au primaire qu’au secondaire. Bien que ces programmes soient implantés sur une base volontaire, si chaque établissement scolaire décidait d’en faire une priorité, il serait plus facile de les associer davantage à une sortie scolaire plutôt qu’à une intégration directe dans le programme scolaire québécois.
Il existe également des disparités entre les différentes régions du Québec en termes de taux de participation et de disponibilité des places aux cours de natation. Une initiative provinciale pour établir un taux de participation par région et par population serait nécessaire pour garantir une égalité d’accès. L’un des principaux obstacles à l’augmentation des places disponibles est la pénurie de personnel qualifié. La Société de sauvetage souligne l’importance de maintenir la gratuité des formations de sauveteurs et de moniteurs aquatiques, ce qui contribue à réduire cette pénurie.
Face à ces défis, la Société de sauvetage appelle à une concertation entre fédérations, municipalités et établissements scolaires pour établir un plan de développement aquatique à l’échelle du Québec. Ce plan viserait à répondre aux besoins de la population, tout en préservant et en augmentant le nombre de piscines publiques, indispensables à la pratique des activités aquatiques et à la prévention des noyades.
Un centre aquatique au sein d’une communauté joue un rôle crucial à chaque étape de la vie. Dès avant leur naissance, les enfants sont exposés aux environnements aquatiques à travers les programmes prénataux. Tout au long de leur vie, que ce soit pour l’apprentissage de la natation, l’entraînement, ou simplement pour maintenir une bonne santé, l’accès à ces infrastructures est essentiel pour promouvoir de saines habitudes de vie.
Raynald Hawkins
Directeur général de la Société de sauvetage