Dans les établissements d’enseignement de la région, la gestion des téléphones et des tablettes est traitée de différentes manières. Samuel Gagnon, du Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, souligne que l’école a déjà mis en place une politique concernant l’utilisation des appareils numériques en classe.
« Nos élèves utilisent des iPad à des fins pédagogiques uniquement, et nous adaptons régulièrement notre politique pour veiller à ce que la technologie reste un outil d’apprentissage, et non une source de distraction », explique-t-il. Cette politique s’accompagne également d’une sensibilisation accrue des élèves aux enjeux entourant l’utilisation des écrans, avec des interventions régulières de spécialistes en santé mentale comme l’organisme La Montée, de Rivière-Ouelle, qui abordent notamment l’hyperconnectivité et ses dangers.
Cette surexposition peut avoir des impacts négatifs sur le bien-être mental des jeunes à court, moyen, et long terme, qui peuvent se traduire par des difficultés de sommeil, une baisse d’estime de soi, une augmentation du stress, de l’anxiété et de la déprime, et même mener à un certain isolement social.
« Notre objectif est de susciter la réflexion chez les jeunes, de leur faire prendre conscience des impacts de l’utilisation des technologies, et de les encourager à en parler ouvertement », explique Annie-Claude Simard, agente de prévention à La Montée. Elle précise que certains jeunes, après avoir assisté à des ateliers, viennent lui parler de leurs préoccupations en lien avec l’utilisation excessive des écrans. « Lorsque cela arrive, nous les écoutons et les orientons vers des services d’aide appropriés, comme le Centre de réadaptation l’Estran, si nécessaire », précise-t-elle.
Situation différente au cégep
Dans les cégeps, la situation est différente. Rébecca Dubé, conseillère en communication numérique au Cégep de La Pocatière, précise qu’au collégial, il n’y a pas de directive officielle interdisant l’utilisation des écrans. « Nos enseignants jouissent d’une grande autonomie dans la gestion de leur classe, et peuvent décider eux-mêmes de l’usage qu’ils permettent, explique-t-elle. Nous privilégions une approche axée sur une utilisation saine et encadrée des outils numériques, dans le cadre de laquelle les enseignants jouent un rôle clé en inculquant aux étudiants une utilisation responsable et réfléchie des technologies. »
Le Cégep de La Pocatière s’appuie notamment sur le Cadre de référence sur la compétence numérique, développé par le ministère de l’Enseignement supérieur en collaboration avec le ministère de l’Éducation, qui met l’accent sur l’importance de développer chez les étudiants des compétences qui leur permettent de naviguer dans le monde numérique en tant que citoyens éthiques et responsables. « Nos enseignants encouragent les étudiants à utiliser les outils numériques de façon utile, efficace et responsable, plutôt que de les bannir purement et simplement », ajoute Mme Dubé.
Le Cégep de La Pocatière ne constate pas de tendance alarmante en ce qui a trait aux problèmes liés à la dépendance aux écrans. Toutefois, l’établissement reste vigilant, et dispose d’une équipe de services psychosociaux prête à intervenir en cas de dépendance, quelle qu’elle soit. « Nos spécialistes sont formés pour accompagner les étudiants dans leur développement psychosocial, et peuvent offrir du soutien si nécessaire, même si nos interventions ne sont pas spécifiquement centrées sur la dépendance aux écrans. »
Des solutions?
L’initiative Pause ton écran de Capsana (pausetonecran.com) propose aux parents plusieurs stratégies afin de les aider à mettre un cadre à l’utilisation des écrans à la maison en fonction de l’âge de l’enfant, puisque les recommandations ne sont pas les mêmes pour un enfant d’âge préscolaire que pour un jeune du secondaire. La responsabilité n’incombe pas qu’aux parents.
La Commission spéciale sur l’utilisation des écrans poursuit ses travaux, tandis que les écoles de la région continuent à adapter leurs approches pour trouver le juste équilibre entre les bénéfices éducatifs des technologies et la protection de la santé mentale des jeunes. Les recommandations qui en émaneront pourraient influencer les politiques futures en matière d’utilisation des écrans dans les établissements d’enseignement, tant au primaire et au secondaire qu’au collégial.