La sortie publique des résidences comme L’Envol à Saint-Pascal concernant l’écart de salaire qui se dessine entre les préposées du secteur public et celles des ressources d’hébergement communautaire n’ont pas encore donné les résultats escomptés. En réaction, des témoignages-chocs ont été envoyés aux députés de l’Assemblée nationale par les parents et résidents.
L’Envol est un milieu d’hébergement adapté aux personnes handicapées. Les inquiétudes sont vives puisque la prime COVID de 4 $ de l’heure de plus dont bénéficient les préposées de la ressource devrait se terminer avec la fin de l’urgence sanitaire. Le gouvernement a déjà majoré le salaire de façon importante pour les préposées en CHSLD et en milieu hospitalier. On craint qu’un écart majeur se dresse entre les deux, qui font pourtant le même travail.
« Je m’appelle Michel et j’habite à L’Envol depuis 10 ans. Quand j’ai vu la nouvelle sur leplacoteux.com, j’ai eu de la peine et tellement peur que L’Envol ferme, écrit un des résidents, dans un recueil de témoignages envoyé aux députés. Ça ne me tente pas du tout d’aller vivre ailleurs. Je veux garder les employés, c’est chaleureux et réconfortant », ajoute-t-il.
Les parents
Des parents manifestent aussi leur inquiétude, dont Jean-Pierre Rossignol, le père de Johanne, 46 ans. « Ma fille est demeurée 21 ans en famille d’accueil. Pendant ces années, elle n’était pas vraiment heureuse, était dépressive et souriait rarement. C’est dans son petit studio de la Résidence L’Envol que Johanne s’est vraiment épanouie », raconte-t-il.
Ce dernier dit avoir remarqué que depuis quelques années, le manque de ressources financières fait que l’Envol a de la difficulté à garder son personnel. Il rapporte avoir déjà dû faire quelques quarts de travail de nuit afin de permettre aux employés de prendre leurs vacances d’été.
Les parents de Patricia Briand, une résidente, sont maintenant des octogénaires. Ils n’ont plus la force physique de s’occuper adéquatement de leur fille qui souffre d’une déficience physique et intellectuelle. « Pour maintenir une aussi belle qualité de vie à ces personnes, il faut compter sur la vigilance, le professionnalisme des personnes qui dirigent l’Envol, de l’humanité et de l’ouverture d’esprit des personnes qui dispensent soins et soutien aux personnes qui y habitent », résument Suzanne Moreau et Joseph Briand.
Finalement pour Jacinthe, maman de Marianne, si cette dernière n’avait plus son logement, ce serait un très grand retour en arrière. « Revenir vivre avec ses parents lui enlèverait aussi de l’estime d’elle-même », témoigne-t-elle.
Les ressources comme l’Envol souhaitent du financement pour payer de façon égale leurs préposées, une fois l’urgence sanitaire levée. L’urgence sanitaire pourrait être levée après la vaccination des 5-11 ans, qui est imminente.
L’Alliance québécoise des regroupements régionaux pour l’intégration des personnes handicapées a d’ailleurs chiffré les coûts d’une telle opération. Rendre la prime permanente pour les neuf ressources qui existent au Québec comme l’Envol représenterait pour le gouvernement une somme annuelle de 940 794 $. À titre comparatif, l’hébergement en CHSLD pour les 136 personnes qui habitent ces résidences coûterait au gouvernement 12 240 000 $ par an. Rappelons que les organismes se sont occupés de faire construire les maisons et sont responsables de l’entretien.