Profession infirmière : Le baccalauréat ne sera pas requis au Québec

Étudiantes de soins infirmiers lors d’une simulation pédiatrique au Cégep de La Pocatière. Archives Le Placoteux.

L’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) fait volte-face : le baccalauréat ne sera pas requis pour accéder à la profession infirmière au Québec. Cette décision réjouit la directrice générale du Cégep de La Pocatière Marie-Claude Deschênes, alors que la pénurie d’infirmières continue d’affecter gravement le réseau de la santé.

Ce revirement de situation arrive près de trois ans après la tenue par l’OIIQ d’états généraux sur la profession infirmière au printemps 2021. Dans le rapport qui avait été divulgué l’automne suivant, une des 31 recommandations concernait l’accès à la profession infirmière, les commissaires Francine Ducharme et Robert Salois recommandant que le baccalauréat soit la seule porte d’entrée dans un horizon de cinq ans.

En pleine pandémie, alors que le manque de personnel en soins infirmiers dans le réseau de la santé faisait la manchette quotidiennement, Marie-Claude Deschênes avait qualifié cette recommandation de « méprisante » à l’égard des diplômés issus du milieu collégial. « Je ne vois pas comment on aurait rehaussé le nombre d’infirmières dans le réseau si l’Ordre n’était pas revenu sur sa décision », dit-elle aujourd’hui.

Selon Radio-Canada, l’OIIQ rapportait dans son rapport annuel n’avoir jamais délivré si peu de permis d’exercice depuis 2013. En 2022-2023, ce nombre était de 2864, contre 3600 sur une base annuelle à partir de 2013-2014.

L’examen d’entrée à la profession, le NCLEX-RN états-unien, en serait en partie responsable, car des taux de réussite anormalement bas étaient au même moment observés. En réaction à une évaluation de la situation par le commissaire à l’éthique, l’OIIQ avait même annoncé le remplacement de son examen dès septembre 2024. « Nos finissants continuaient de réussir l’examen d’entrée, mais le taux de réussite était beaucoup plus bas que par le passé, où il frôlait, certaines années, le 100 %», contextualise Marie-Claude Deschênes.

Promouvoir la profession

La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) a aussi salué la décision de l’OIIQ de s’en tenir à la formation collégiale en soins infirmiers comme préalable minimal donnant accès à la profession infirmière. Elle a également accueilli positivement la décision de l’Ordre de suspendre sa demande de recourir à l’examen américain NCLEX comme examen d’admission à la profession au Québec.

« La FIQ invite l’OIIQ à concentrer désormais ses énergies sur les problèmes fondamentaux de la profession infirmière. Ces problèmes ont été dénoncés par l’OIIQ par le passé. Par exemple, l’employeur déplace les infirmières d’une unité de soins à une autre sans préparation adéquate », estime Julie Bouchard, présidente de la FIQ, par voie de communiqué.

Marie-Claude Deschênes espère pour sa part que le gouvernement du Québec parte en campagne pour promouvoir la profession infirmière au niveau collégial. Selon elle, cette histoire a donné « mauvaise presse » à la profession.

« Chaque fois que le milieu est dépeint négativement, on en ressent les répercussions dans les inscriptions. À l’époque des ruptures de services qui étaient monnaie courante à l’hôpital Notre-Dame-de-Fatima (2017-2018), nous avons eu nos plus faibles taux d’inscriptions au programme de Soins infirmiers au Cégep de La Pocatière », rappelle-t-elle.

Ce creux est toutefois chose du passé. Dans les dernières années, le nombre d’étudiants inscrits au sein du programme de Soins infirmiers est en constante augmentation, allant de 31 à l’automne 2019 à 61 lors de la rentrée 2023.

La volte-face de l’OIIQ sur la question du baccalauréat devrait permettre de maintenir ces niveaux dans le futur, de l’avis de Marie-Claude Deschênes, puisque la plupart des étudiants inscrits au programme n’ambitionnent pas poursuivre à l’université, du moins dans les premières années suivant leur formation collégiale.