Quand le permis d’alcool empêche de rouvrir

Vincent Bérubé devant le Buro Grill & Bar. Photo : Maxime Paradis.

Le Buro Grill & Bar à La Pocatière ne peut malheureusement pas rouvrir ses portes, malgré la réouverture possible des salles à manger des restaurants au Bas-Saint-Laurent depuis le 8 février dernier. Le propriétaire Vincent Bérubé est freiné dans ses ardeurs parce qu’il ne dispose pas du bon permis d’alcool.

Le téléphone ne cesse de sonner depuis quelques jours au Buro Grill & Bar. À contrecœur, Vincent Bérubé s’est résigné à ne plus répondre. Le propriétaire du resto-bar pocatois opère son établissement avec un permis d’alcool dédié spécifiquement aux bars, et cela, même si le 2/3 de son établissement est en réalité une salle à manger.

« C’est un choix d’entreprise. Pour nous, on voulait que l’établissement soit strictement réservé aux 18 ans et plus, autant dans la partie bar que la portion salle à manger », explique-t-il.

Le Buro Grill & Bar est aux yeux de la loi considéré comme un bar, et cela, même s’il dispose d’un permis de restauration et de vente au détail délivré par le MAPAQ. Il est donc impossible pour Vincent Bérubé de rouvrir sa salle à manger comme les autres restaurateurs de la région.

« Je pourrais faire la demande d’un permis d’alcool “restaurant” à l’avenir ou d’un permis temporaire le temps que la COVID passe, mais il faudrait que j’abandonne ma licence de loterie vidéo qui elle est délivrée seulement quand on possède un permis d’alcool “bar”. Mais rien ne me dit que je vais ravoir les appareils le jour où je vais refaire ma demande de licence », indique-t-il.

Une licence de loterie vidéo n’assure pas nécessairement l’attribution d’appareils de loterie vidéo par la Société des établissements de jeux du Québec, comme l’indique sur son site internet la Régie des alcools, des courses et des jeux. Pour Vincent Bérubé, le risque est grand.

« M’en départir, c’est aussi réinvestir pour réaménager l’espace où ils sont. Je sors déjà de grands travaux », rappelle celui qui a entièrement rénové son établissement au sortir de la première vague de la COVID-19, le printemps dernier.

Manque de flexibilité

Vincent Bérubé dit pouvoir se permettre de demeurer fermer encore un moment, d’autant plus qu’avec les critères actuels limitants à deux adultes par table il ne pourrait accueillir plus d’une quarantaine de clients par service. L’opération ne serait pas forcément « rentable ».

Il trouve néanmoins que le gouvernement manque de flexibilité dans les circonstances. Sa situation pourrait très bien se gérer en permettant la réouverture exclusive de sa salle à manger. Sa section bar demeurerait fermée et ses appareils de loterie vidéo pourraient par exemple être dissimulés derrière un drap, même s’ils ne sont pas susceptibles d’être à la vue des enfants, son établissement étant à la base réservé exclusivement aux 18 ans et plus.

« Le couvre-feu nous oblige déjà à fermer à 21 h, alors disons que les chances d’alimenter une forme quelconque de “nightlife” auprès des adultes sont aussi plutôt minces », poursuit le propriétaire.

L’adoption du projet de loi 72 avant la période des Fêtes, qui permet désormais aux restaurateurs et aux microbrasseries de servir des boissons alcoolisées à leurs clients, sans que ceux-ci n’aient à commander de repas, questionne également Vincent Bérubé. Cette distinction était jadis réservée exclusivement aux détenteurs d’un permis d’alcool « bar ».

« En quoi un bar qui fait déjà de la restauration serait plus dangereux qu’un restaurant ? Je n’en veux pas au restaurateur d’avoir maintenant ce droit, mais je crois que la question mérite tout de même d’être posée », conclut-il.